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Date | Description | |||
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9 juin 2010 | Une coalition réclame d'urgence la nationalisation des plus beaux éléments du patrimoine religieux Une coalition formée de l'ex-député péquiste Daniel Turp, de l'ex-maire de Québec Jean-Paul Lallier, d'organistes et de professeurs de musique presse le premier ministre Jean Charest de décréter d'urgence un moratoire d'un an sur la vente et la transformation des églises du Québec et de nationaliser les éléments les plus riches pour en assurer la sauvegarde. Alertée par la menace de vente imminente de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus (TSNJ) et le démantèlement de son orgue patrimonial, cette coalition créée au cours des derniers jours estime que ce cas illustre de façon éloquente l'absence de politique cohérente pour faire face à la sauvegarde de l'immense patrimoine religieux québécois. Les barricades qui s'élèvent devant la façade de la "cathédrale de l'Est" dans Hochelaga-Maisonneuve, interdite d'accès depuis un an, sont le triste résultat de la gestion au "cas par cas" d'une réalité qui mérite une solution beaucoup plus large, a fait valoir hier M. Turp. "En 2005, en commission parlementaire [sur le patrimoine], Mgr Turcotte [évêque de Montréal] avait prédit une catastrophe dans cinq ans si rien n'était fait. La catastrophe est arrivée!" affirme l'ex-député de Mercier, d'avis que les millions saupoudrés chaque année par le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) ne résoudront pas le problème à long terme. "À quoi bon investir de la sorte si cinq ans après l'octroi d'une subvention, l'Église peut unilatéralement décider de prendre à son compte ce patrimoine et d'en disposer à guise!" dénonce la coalition. En effet, même si l'église TSNJ a reçu des coffres de l'État pas moins de 650 000 $ dans les années 1990 pour restaurer son précieux instrument, l'évêché n'est désormais plus tenu de garder l'église ouverte. Et comme l'endroit n'est plus un lieu de culte, il n'est plus admissible aux subventions du CPRQ, d'où l'impasse. Détournement de patrimoine C'est pourquoi la coalition réclame du gouvernement Charest qu'il intervienne d'urgence pour préserver TSNJ et décrète un moratoire sur la vente ou la disposition de tout lieu de culte au Québec, le temps que soit dressé un inventaire fin et détaillé du patrimoine religieux, confié à des experts. L'inventaire devrait tenir compte de la présence des orgues et de l'importance de la tradition musicale dans l'évaluation patrimoniale de chaque église. Au terme de l'exercice, Québec doit nationaliser les plus riches éléments de ce patrimoine et leur réserver toutes ses subventions, pensent les signataires. Le produit de la vente des églises de moindre valeur devrait quant à lui être versé au fonds du CPRQ pour assurer le maintien de ces biens collectifs, plutôt que de rester dans les coffres de l'Église. Quant aux services religieux, ils devraient être concentrés dans les bâtiments préservés par l'État. Plusieurs signataires de la coalition ne cachent d'ailleurs pas leur agacement concernant les minces obligations légales qui sont faites aux autorités religieuses. "C'est un détournement de patrimoine. L'Église a des comptes à rendre", a fait valoir hier Antoine Leduc, avocat et organiste. "Il faut se rappeler que la collectivité a investi au fil des ans des milliers de dollars par la dîme et par le biais de l'État qui a offert des exemptions de taxes et investi des millions dans le patrimoine religieux", ajoute Daniel Turp. Raymond Daveluy, ex-organiste à l'Oratoire Saint-Joseph, croit lui aussi que l'argent public investi dans l'orgue de TSNJ doit être remboursé aux contribuables si l'instrument est vendu. "Si [cet] orgue n'est pas sauvé, aucun orgue n'échappera plus aux menaces de fermeture et au pic des démolisseurs", déplore de son côté Gaston Arel, fondateur de la Fédération québécoise des Amis de l'orgue et des Amis de l'orgue de Montréal. Source: Le Devoir, Isabelle Paré |
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9 juin 2010 | Lettre au premier ministre Jean Charest Manifeste pour la sauvegarde du patrimoine religieux du Québec Nous, citoyens du Québec de divers horizons, vous écrivons et prenons la parole aujourd'hui afin de demander votre intervention immédiate relativement à la sauvegarde du patrimoine religieux du Québec. En effet, la situation est des plus urgentes. Il est minuit et quart. Le cas de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus de Montréal en est l'illustration la plus éloquente, et il est désormais certain que plusieurs autres suivront à brève échéance. Il est vrai que le gouvernement du Québec a investi, depuis les vingt dernières années, plusieurs centaines de millions de dollars des contribuables dans la préservation de ce patrimoine bâti. Cependant, ces interventions, ponctuelles et à la carte, ne sont pas inscrites dans le cadre d'une véritable politique d'ensemble qui soit cohérente. Et c'est là tout le problème, car à quoi bon continuer d'investir de la sorte, si cinq ans après l'octroi d'une subvention, l'Église peut unilatéralement décider de se réapproprier ce patrimoine et d'en disposer à sa guise! Des gestes nécessaires Considérant la valeur historique et culturelle que représente notre patrimoine religieux pour la nation québécoise, nous vous demandons, Monsieur le Premier Ministre, ainsi qu'au gouvernement du Québec, de poser les gestes suivants:
Monsieur le Premier Ministre, dans l'intérêt supérieur des Québécois, nous vous demandons d'avoir le courage visionnaire de poser ces gestes. Vous serez alors l'auteur d'un legs d'une valeur inestimable pour vos concitoyens et pour les générations futures. C'est une page d'histoire qu'il vous appartient d'écrire et qui s'inscrit fort bien dans le sens de notre devise, «Je me souviens», a fortiori à la veille de célébrer la Fête nationale de tous les Québécois *** Ont signé ce texte: Antoine Leduc, Daniel Turp, Gaston Arel, Hubert Bolduc-Cloutier, Denis Bonenfant, Olivier Brault, Jean-François Cailhier, Sylvain Caron, Marc Chevrier, Marcel Collet, Paul-André Crépeau, Michelle Cumyn, Raymond Daveluy, Marc-André Doran, Hélène Dorion, Élise Fournier, Jean Gagné, Élisabeth Gallat-Morin, Christophe Gauthier, Réal Gauthier, Marc Hervieux, Daniel Jacques, Denis Juget, Suzanne Joubert, Bartha Maria Knoppers, Éric Lagacé, Jean-Paul L'Allier, Jean-Louis Lalonde, Christiane Lampron, Rachel Laurin, Guy Lefebvre, Lucienne L'Heureux-Arel, Danièle Letocha, Denyse Marc-Aurèle, Guy Marchand, Paul Meunier, Jacques-Yvan Morin, Francine Nguyen-Savaria, Hélène Panneton, Andrée Parent, Isabelle Peretz, Réjean Poirier, Marc Renault, Jean-Simon Robert-Ouimet, Camille Rondeau, Monique Rondeau, Stéphane Rousseau, Mathieu Robert-Sauvé, Robert Saint-Jean, André Simoneau, Geneviève Soly, Guy Soucie, Madeleine Sauvé, Nicole Thomas-Crépeau, Hellmuth Wolff. Source: Le Devoir |
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8 juin 2010 | Des citoyens demandent à Jean Charest de protéger le patrimoine religieux Un regroupement de citoyens demande au premier ministre Jean Charest d’agir d’urgence pour empêcher la perte d’une part importante du patrimoine religieux québécois. Ce regroupement a présenté, aujourd’hui, un manifeste signé par 55 personnes, dont le ténor Marc Hervieux, l’ancien maire de Québec Jean-Paul L’Allier et, surtout, de nombreux organistes, musicologues et facteurs d’orgues. Ils réclament notamment un moratoire sur la vente, le changement de vocation ou toute autre disposition des lieux de culte pour une période d’un an et la réalisation d’un inventaire complet du patrimoine religieux bâti et des orgues qu’il contient afin d’identifier ce qui doit être préservé. «Ça s’impose, a indiqué l’un des signataires, l’ex-député Daniel Turp. Il ne suffit pas de déposer une loi sur le patrimoine culturel (...) nous voulons une politique parce qu’une loi sans politique qui l’accompagne ou plan d’action ou une stratégie d’action, ça ne va pas loin. Là, il y a une urgence.» Le manifeste demande aux Églises des différentes confessions de privilégier les plus beaux monuments pour le culte, et au gouvernement du Québec de nationaliser ceux dont elles ne peuvent plus assumer l’entretien. Les signataires font valoir que ce sont les citoyens québécois qui ont financé ce patrimoine par la dîme, par des campagnes de financement et par des avantages fiscaux consentis par les gouvernements. Les citoyens ont leur mot à dire L’un des initiateurs du manifeste, l’organiste et ancien secrétaire de la Fédération québécoise des amis de l’orgue, Antoine Leduc, a soutenu que l’Église ne devrait pas pouvoir vendre ce patrimoine sans que les citoyens aient leur mot à dire. «Je ne pense pas que les autorités religieuses devraient avoir ce droit, a-t-il fait valoir. Je parle d’un détournement de patrimoine si les autorités religieuses font cela. Ce n’est pas pour isoler l’Église, mais l’Église a des comptes à rendre. Elle a des responsabilités envers la collectivité et on lui demande de les assumer aujourd’hui.» Ils ont lancé cet appel pressant devant l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, dans l’est de Montréal, fermée et laissée à l’abandon. En plus de sa valeur architecturale, cette église contient un orgue Casavant datant du début du XXe siècle qui a pu être restauré grâce notamment à une collecte de fonds de 50 000 $ amassés auprès des citoyens du quartier Hochelaga-Maisonneuve. «L’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et son orgue, restauré à grand frais avec des fonds publics doivent être sauvés. S’ils ne le sont pas, aucune église et aucun orgue n’échappera plus aux menaces de fermeture et au pic des démolisseurs», a lancé Gaston Arel, président et fondateur de la Fédération québécoise des amis de l’orgue et des Amis de l’orgue de Montréal. Source: Le Devoir |
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2 juin 2010 | Église et orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus À la sauvegarde du patrimoine du quartier Hochelaga-Maisonneuve De nouvelles voix dénoncent l'attitude du ministère de la Culture dans le dossier de l'orgue et de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus. En levant le nez sur ce bâtiment-clé d'Hochelaga-Maisonneuve, c'est la richesse architecturale d'un quartier exceptionnel qu'on dilue à petit feu, estiment Phyllis Lambert et le sénateur libéral Me Serge Joyal. Les deux pionniers de la préservation du patrimoine urbain à Montréal déplorent le manque de leadership, de vision globale, voire le mépris du ministère de la Culture pour la préservation de l'église Très-Saint-Nom-de-Jésus (TSNJ), une figure emblématique du quartier populaire d'Hochelaga-Maisonneuve. La fondatrice d'Héritage Montréal et du Centre canadien d'architecture (CCA), Phyllis Lambert, attribue à «l'ignorance» la façon dont a été mené jusqu'ici le dossier de l'église menacée, tout en déplorant la vision réductrice des autorités. «Le ministère doit voir ce problème plus largement. Comment ne pourrait-on pas sauvegarder cet orgue merveilleux? Bien sûr! Mais il faut aussi regarder tout ce quartier qui est exceptionnel», a-t-elle fait valoir hier en entrevue. Dans une lettre envoyée au Devoir, les deux signataires estiment que le désintérêt affiché par Québec est symptomatique d'une approche guidée par le «cas par cas» qui nie la valeur historique et identitaire du quartier dans la trame urbaine de Montréal. «On juge le dossier en fonction d'un inventaire des églises! Mais Hochelaga-Maisonneuve demeure typique du temps où les Canadiens français se sont redéfinis dans la trame urbaine de Montréal. À mon avis, ce serait une perte pour une métropole culturelle de diluer l'identité de ce quartier en rasant un de ses points de repère», défend le sénateur Joyal, qui connaît très bien le quartier pour en avoir été député fédéral de 1974 à 1984. Les deux bonzes montréalais de la préservation du patrimoine ont tous deux contribué, au début des années 1970, au sauvetage in extremis de la prison du Pied-du-courant où furent pendus les Patriotes en 1839. Le gouvernement projetait de raser le bâtiment pour élancer vers l'est l'autoroute Ville-Marie. «On s'apprêtait à commettre une erreur historique terrible. Avant de faire d'autres erreurs historiques, il y a lieu de réfléchir plus largement», estime Me Joyal, qui appelle à une concertation des autorités municipales et provinciales. Le quartier Hochelaga-Maisonneuve, unique aux yeux de Phyllis Lambert, est le seul à avoir été conçu à partir d'un plan précis d'urbanisme. Grâce aux décisions prises à l'époque par ses leaders économiques, le quartier affiche une très grande cohérence architecturale et compte plus d'édifices et de bâtiments de valeur construits par la crème des architectes canadiens-français — son ancien hôtel de ville, sa caserne de pompier (inspirée du style de Frank Lloyd Wright), son marché public et ses nombreux édifices de pierre grise — que la plupart des autres quartiers montréalais, estime-t-elle. À l'instar de l'aire protégée du mont Royal, Hochelaga-Maisonneuve, un quartier encore très typique du Montréal francophone, devrait faire l'objet d'une protection légale élargie à titre de quartier identitaire, croient les deux signataires. «Je pense qu'il y a une mauvaise compréhension de la mise en valeur patrimoniale et que le gouvernement ne dispose pas des bons outils légaux. On voit ce patrimoine comme un fardeau. On ne pose pas la question dans le cadre plus vaste de l'histoire du quartier et de Montréal», déplore Me Joyal. Pour Phyllis Lambert, le ministère de la Culture aurait fort intérêt à suivre l'exemple de la France en matière de protection du patrimoine. «Ce n'est pas qu'une question d'argent, c'est une question d'attitude. Le gouvernement devrait avoir un meilleur jugement», tranche-t-elle. Source: Le Devoir, Isabelle Paré |
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2 juin 2010 | Église du Très-Saint-Nom-de-Jésus Le symptôme d'un manque de vision Le sort de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus est indissociable de la trame du quartier Hochelaga-Maisonneuve, le plus intéressant et typique quartier de Montréal.Un quartier, une ville — surtout si elle prétend au titre de métropole culturelle du Québec — ne peuvent s'improviser un avenir en «courant les chats de ruelle...». La manière dont est abordé l'avenir de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, au sein des hautes sphères de l'administration publique, est symptomatique d'un manque de vision. Cette approche est risquée, voire dangereuse pour le raffermissement de l'identité de la ville, et surtout quelque peu méprisante de la population de ce quartier populaire. C'est le sort réservé à l'orgue de l'église qui a alerté l'opinion: personne ne doute de sa qualité ni du fait qu'avant de concevoir qu'il quitte les lieux pour Toronto, comme autrefois les objets d'art du culte partaient pour les États-Unis, tout devrait être tenté pour le conserver ici. Nous nous le devons à nous-mêmes. Cet instrument de musique sacrée est rattaché à un édifice religieux dont le sort est encore plus incertain. L'état de sa conservation, si rien n'est entrepris, le condamnera à la disparition dans un proche avenir. Lorsque les autorités publiques furent alertées, la première réaction en fût une d'agacement, sinon de répéter que là n'était pas la priorité, que beaucoup d'investissements avaient déjà été consentis pour le patrimoine religieux, ailleurs, et que finalement, ça n'entrait pas dans les objectifs des programmes en place. Ancrée dans le quartier Or, le sort de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus (TSNJ) est indissociable de la trame du quartier Hochelaga-Maisonneuve, le plus intéressant et typique quartier de Montréal qui, jusqu'ici, a conservé son intégrité institutionnelle enracinée dans l'aménagement et l'histoire de ses édifices patrimoniaux, aussi bien civils, que religieux, institutionnels et privés. Ce lieu rassemblait à l'intérieur de ses frontières toute la vie canadienne-française de son époque: ses classes laborieuses dans les rues latérales, son élite professionnelle et bourgeoise sur la rue Adam, au sud du boulevard Pie IX et sur la rue Lafontaine, son ancrage religieux dans les presbytères, couvents, jardins d'enfance, écoles et églises, et sa base industrielle le long de la rue Notre-Dame, du port, et près de l'ancienne voie ferrée de la rue Ontario, son poumon commercial. Ce quartier n'a pas évolué dans la désorganisation et l'improvisation: ses fondateurs, les frères Marius et Oscar Dufresne, voulaient qu'il soit une ville modèle, avec des bains publics, un marché qui ramenait la campagne à la ville, des parcs et des avenues, des terrains de jeux et des aires de repos. Eux-mêmes, fort riches, avaient élu domicile dans leur «château» en haut du quartier plutôt qu'à Outremont, comme la bourgeoisie francophone de l'époque. Palmarès d'architectes Même plus, la majorité des édifices civils ou religieux du quartier Hochelaga-Maisonneuve ont été construits par des architectes de renom, la plupart canadiens-français:
C'est l'un des palmarès d'architectes francophones les plus représentatifs de l'époque en un espace urbain, somme toute, à taille humaine. Parce que ce quartier et ses édiles, voire son élite, ne craignaient pas d'affirmer leur confiance en l'avenir en construisant de beaux et prestigieux édifices qui n'étaient ni banals, encore moins quelconques, comme nos gouvernements en construisent malheureusement trop souvent aujourd'hui. Ses dirigeants avaient d'ailleurs un grand respect de la population ouvrière qui trimait dur dans les biscuiteries de Viau, les chantiers navals de la Vickers, la sucrerie St. Lawrence, les shops Angus, les manufactures de fil, les chaussures Corbeil, les tabacs McDonald, etc. Approche globale Cet urbanisme rendait sa population fière d'y appartenir. La preuve en est que bien que locataire à 80 %, elle déménageait toujours à l'intérieur même des frontières du quartier sans jamais vouloir le quitter. Il est important de préciser que ce quartier trouve son identité et ses racines historiques dans tous ces édifices publics, commerciaux et industriels (banques), qui survivent au temps et donnent à Montréal une identité patrimoniale unique. Ce qui est inacceptable, actuellement, c'est qu'en haut lieu on se lave les mains de l'avenir de l'église comme si celle-ci était une «verrue» du tissu urbain, reliquat encombrant d'un passé révolu. Nous plaidons pour une approche globale à l'égard de l'avenir des édifices emblématiques du quartier Hochelaga-Maisonneuve. C'est l'ensemble de ce quartier que l'on doit pouvoir apprécier dans son identité historique et pérenne, avant d'autoriser le démembrement ou la disparition de l'un ou l'autre de ses points de repères et d'ancrage dans son histoire. Concertation essentielle La Ville de Montréal doit revoir la manière dont elle aborde la planification et le développement de ce quartier unique à Montréal. La ministre de la Culture doit modifier les paramètres d'appréciation de son rôle et de son mandat. Il faut resituer l'évaluation de cette église dans la trame humaine et culturelle de ce quartier unique. Monseigneur Jean-Claude Turcotte, de son côté, ne peut ignorer sa responsabilité à l'égard de la mémoire des fidèles dont les contributions, souvent modestes, ont servi à édifier ces temples. Il est temps que les responsables se concertent pour sortir des cadres d'appréciation actuels, qui sont trop étroits et insuffisants pour tenir compte de l'effet de désintégration que ne manquerait pas de provoquer une approche de cas par cas insensible à l'impact global sur l'intégrité de ce territoire urbain. Ce milieu dynamique, appelé à demeurer un des quartiers les plus pittoresques de la ville où sont réunis et vivent dans un équilibre réel des groupes de toutes fortunes et d'activités diverses, a toujours su s'adapter aux changements sans se renier. L'avenir de la ville est entre les mains de ceux et celles qui y vivent. Au moment où la population de Montréal se diversifie, à un rythme accéléré, l'importance de maintenir les points de repère de notre identité historique s'impose d'autant plus afin d'assurer que notre avenir ne soit pas en rupture avec nos racines culturelles. Phyllis Lambert - Directrice de 1973 à 1986 du Groupe de recherche sur les bâtiments en pierre grise de Montréal (recension du patrimoine bâti du quartier Hochelaga-Maisonneuve) Serge Joyal - Sénateur, ancien député d'Hochelaga-Maisonneuve (1974-1984), l'auteur a été éduqué dans le quartier Maisonneuve et a fréquenté avec son école l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus au milieu des années 50 Source: Le Devoir |
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27 mai 2010 | Vente de l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus «Impensable!» clame le titulaire du grand orgue de Notre-Dame de Paris Depuis 1985, Olivier Latry est organiste titulaire du grand orgue de la cathédrale Notre-Dame de Paris.Le très réputé organiste Olivier Latry, titulaire du grand orgue de la cathédrale Notre-Dame de Paris, juge «inimaginable» le sort réservé à l'orgue Casavant de l'église Très-Saint-Nom-de-Jésus (TSNJ), qui risque d'être vendu au plus offrant faute d'intérêt de la part du ministère de la Culture. Contacté à Paris par Le Devoir, le musicien, qui connaît très bien l'instrument et l'église pour y avoir donné quelques concerts et enseigné à maintes reprises, se dit stupéfait du désintérêt manifeste affiché par les plus hauts responsables du patrimoine québécois envers un instrument «unique en son genre». Mardi, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, s'est montrée prête à étudier un projet de recyclage de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, mais refuse toujours de débloquer des fonds d'urgence pour assurer la sauvegarde de l'orgue et du bâtiment à court terme. «Je crains le pire. Laisser un tel patrimoine partir, se priver d'un tel instrument, c'est inimaginable!» a soutenu M. Latry, un des spécialistes du domaine, appelé à conseiller la Commission des orgues du ministère de la Culture de la France. M. Latry a même été choisi par l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) pour le conseiller dans le choix de l'orgue qui complétera un jour la future salle de concert. Un instrument unique «La première chose qui m'interpelle, c'est qu'on se désintéresse d'un instrument dans lequel on a investi tant d'argent», a soutenu M. Latry, qui est venu régulièrement à Montréal ces dernières années pour enseigner aux étudiants qui poursuivent leur formation d'organiste à l'Université McGill. Pour y avoir joué dans le cadre du festival Orgue et couleurs, M. Latry définit l'orgue du TSNJ comme un instrument unique, non seulement en raison de sa riche palette sonore, mais de sa facture en deux morceaux. Déménager l'instrument colossal pour le vendre annoncerait probablement la fin de sa sonorité exceptionnelle, déplore-t-il. «On pense que d'acheter un orgue ancien permet de faire des économies. Mais monter et démonter un orgue est très cher. D'ailleurs, je ne crois pas qu'acheter un orgue d'occasion soit une si bonne idée. C'est comme transporter une tribu aborigène et l'implanter à Times Square», a-t-il commenté. En France, la vente d'un orgue similaire serait tout simplement impossible, affirme Olivier Latry. La Commission nationale des monuments historiques, qui veille sur le riche patrimoine français, comporte sept comités, dont un se dévoue entièrement à la protection des orgues historiques. Tous les orgues de facture ancienne, et même certains orgues modernes, sont classés, de telle sorte qu'il est non seulement interdit de les vendre, de les modifier ou de les expatrier, mais aussi de les déplacer à l'intérieur même d'une église, assure le titulaire du grand orgue de Paris. «Les orgues qui comportent du matériel ancien sont classés. Ce serait impensable de vendre un instrument classé», dit-il, surpris qu'il en soit autrement au Québec. Tous les projets de restauration d'un instrument ancien doivent être scrutés à la loupe et approuvés par la Commission des orgues avant d'être entrepris. Désolé du sort réservé à l'instrument de l'église du TSNJ, celui qui a codirigé le dernier projet de restauration des grandes orgues de Paris estime qu'il faudrait à tout le moins préserver l'orgue dans son état actuel avant de trouver les fonds nécessaires pour restaurer l'église qui l'abrite. «Il ne faut pas plonger dans l'irrémédiable. Il faut laisser aux générations futures la possibilité d'avoir tous les choix», croit-il. À Notre-Dame de Paris, l'orgue, qui compte cinq claviers et 8000 tuyaux — dont certains rares éléments datent du Moyen Âge —, a fait l'objet de multiples restaurations au fil des siècles. La dernière restauration complète du plus célèbre orgue au monde date de 1992. En fin de compte, explique M. Latry, il a été choisi de restaurer l'instrument d'une façon «qui permette de revenir un jour à la configuration ancienne». Olivier Vernet, organiste et titulaire des grandes orgues de la cathédrale de Monaco, a lui aussi eu l'occasion de parcourir les claviers de l'orgue du TSNJ, à l'occasion d'un concerto pour orgue et piano de Franz Liszt livré à l'occasion du festival Orgue et couleurs. «C'est vraiment un instrument qui se distingue de celui de la basilique Notre-Dame et de Marie-Reine-du-Monde. J'ai joué sur plusieurs orgues Casavant au Canada et aux États-Unis, mais à Très-Saint-Nom-de-Jésus, il y a une harmonisation très réussie», a commenté M. Vernet, joint à Monaco. Déménagement impossible Le musicien confirme lui aussi qu'un tel instrument ferait d'emblée l'objet d'un classement dans l'Hexagone. «On ne pourrait surtout pas le vendre, ni le déplacer sans l'avis d'experts», souligne-t-il. En France, dit-il, tous les instruments du XVIIIe siècle sont protégés, de même que la plupart de ceux du XIXe siècle, et plusieurs du XXe siècle. «On a même classé un orgue de 1960 construit par Robert Boisseau, car c'était une facture qui a marqué son époque», affirme-t-il. Dans tous les débats qui ont entouré le sort de l'orgue du TSNJ, l'éventualité de son déménagement dans la future salle de concert de l'OSM a été évoquée à quelques reprises. Une hypothèse qu'il vaudrait mieux abandonner, estiment les deux experts consultés par Le Devoir, compte tenu de la taille de la nouvelle salle et de son acoustique totalement différente de celle de l'église. «Un orgue est construit pour un lieu. Une salle de concert a une acoustique très difficile et les propriétés et les fonctionnalités d'un orgue d'orchestre ne correspondent pas du tout à celle de l'orgue du TSNJ», pense Olivier Latry. «À mon avis, cette idée est nulle et non avenue», soutient celui qui conseille l'OSM dans ce dossier. Source: Le Devoir, Isabelle Paré |
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25 mai 2010 | Patrimoine religieux : Fausse note Marie-Andrée Chouinard
C'est le cardinal Jean-Claude Turcotte qui, en septembre 2005, avait ouvert la Consultation sur le patrimoine religieux du Qyébec, en Commission de la Culture. Devant les parlementaires chargés de réfléchir à la conservation de ce riche patrimoine immobilier, Mgr Turcotte avait précisément choisi l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus pour illustrer l'importance de ces « cathédrales » que de fiers paroissiens de l'époque ont bâties, occupées et soutenues. Quelques années après, le Diocèse de Montréal a toutefois dû décider de fermer l'église, trop coûteuse à entretenir. Son état se détériore. Ses murs en ruine et ses décorations intérieures menacées par l'humidité sont devenus un fardeau. Le joyau que constitue un orgue Casavant d'importance, niché à l'intérieur depuis 1915 avec 6200 tuyaux et ses 91 jeux, n'a apparemment pas l'éclat nécessaire pour attendrir les détenteurs de la bourse. Le débat ne serait toujours réduit à l'aspect financier si, comme la France, le Québec avait décidé, politiquement et socialement, de prendre la responsabilité de ses églises plutôt que de se soumettre ainsi, invariablement, à une confuse analyse au cas par cas. Délaissés par les paroissiens, les lieux de culte suscitent une admiration et un respect qui, au contraire de la pratique religieuse, se gonflent. Au-delà de ces considérations symboliques, qui devraient guider davantage la réflexion collective, se trouvent des intérêts bassement financiers, que l'on ne peut nier. 500 000 $: c'est donc ce que le Comité de sauvegarde de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus demande, tel un fonds d'urgence, le temps de présenter un projet de requalification de l'église et de mise en valeur. Au fil des ans, les citoyens ont relevé leurs manches pour cette église. À la manière des fidèles qui ont participé à la naissance de ce bâtiment, ils ont organisé des campagnes de souscription, amassé des fonds pour protéger cet orgue vulnérable au passage du temps. On voudrait aujourd'hui vendre à fort profit un chef-d'oeuvre convoité par d'autres, au mépris des sommes investies par la population. L'ardeur des citoyens et la passion des experts et connaisseurs s'entrechoquent avec la froideur du gouvernement. Solidement soutenus par la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, les fonctionnaires n'en démordent pas: l'orgue est important, mais pas au point de mériter le soutien de l'État. D'autres avant lui ont attendri l'appareil bureaucratique avec la vibration de leurs tuyaux. Revêtant l'habit du sauveur de lieux en décrépitude, l'État prévient que son capital est limité pour ce type d'infortune. Il s'agit d'une fausse note qui contraste vivement avec l'avis du Conseil du patrimoine religieux. Celui-ci considère au contraire que le Casavant est d'une immense valeur. Étonné de la réaction du ministère de la Culture, il promet d'ailleurs sous peu un rapport sur la valeur de l'orgue et de l'église qui, on l'espère, permettra de percer le mur d'indifférence séparant le berceau de cette église, Hochelaga-Maisonneuve, des tours du pouvoir, à Québec. Source: Le Devoir |
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25 mai 2010 | L'orgue de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus : un joyau à sauvegarder Claude G. Thompson L’orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus est un instrument exceptionnel à plusieurs égards. Au début des années 1970, j'étudiais à l'École de musique Vincent-d'Indy à Montréal et je demeurais dans le quartier Maisonneuve, rue Adam, juste en face de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, où je dirigeais une chorale d'enfants du quartier que j'avais mise sur pied, enfants que j'initiais à la musique par le chant et la pratique de la flûte à bec. Ma copine était l'organiste titulaire du Très-Saint-Nom-de-Jésus et étudiait elle aussi à Vincent-d'Indy dans la classe d'orgue de Françoise Aubut-Pratte. Pendant l'année scolaire, je travaillais à temps partiel pour le représentant Casavant de Montréal et à plein temps pendant les vacances d'été. L'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus faisait partie des instruments que nous entretenions et fut pour moi le premier contact que j'eus avec le métier d'organier. Alors que j'avais été élevé par un père organiste liturgiste reconnu pour ses connaissances étendues en facture et en esthétique de l'orgue, en plus d'avoir été responsable diocésain pour toutes les questions concernant l'achat et la réfection des orgues en Mauricie pendant vingt-cinq ans, ce travail constituait pour moi un enrichissement extraordinaire compte tenu de la culture organistique dans laquelle j'avais grandi. Joyau Il n'y a pas un jeu de cet instrument que je n'aie examiné de très près ni aucune de ses composantes mécaniques que je n'aie pu étudier. Lorsque, plusieurs années après mon passage dans la paroisse du Très-Saint-Nom-de-Jésus, j'appris qu'on allait entreprendre la réfection de l'orgue, je fus ravi de savoir que ce joyau, héritier de la facture et de l'esthétique symphonique françaises, en même temps que marqué par l'esthétique anglo-américaine fort prisée à cette époque, construit en 1915 par la maison Casavant de Saint-Hyacinthe, allait être sauvé de la destruction. Car il faut bien le dire, l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus est un instrument exceptionnel à plusieurs égards. Au moment de sa construction, portant le numéro d'opus 600, il était le sixième orgue en importance en Amérique du Nord et le plus imposant à Montréal. Son superbe buffet, disposé de chaque côté de la rosace du deuxième jubé, et son écho, installé au fond du choeur, furent dessinés par l'architecte Joseph H. Caron et réalisé par la compagnie Louis Caron et fils de Nicolet. Sa tuyauterie de façade et le buffet furent peints sur place par Toussaint-Xénophon Renaud, maître d'oeuvre de la décoration de l'église. Jeux de détail Tel que je le connus dans les années 1970, il était composé de 91 jeux répartis sur quatre claviers. 71 jeux constituaient l'orgue principal situé au deuxième jubé et 20 jeux constituaient l'orgue de choeur que l'organiste faisait sonner à partir du quatrième clavier (clavier solo) de la console du jubé, désigné par le terme «écho» dans son lien avec l'orgue de choeur. Tous les jeux d'anches de l'instrument sont de facture française et au clavier de «récit», on trouve même un authentique jeu de hautbois Cavaillé-Coll. Cavaillé-Coll fut le plus grand facteur d'orgues du XIXe siècle et donna ses lettres de noblesse à l'orgue symphonique. Chaque clavier est doté d'une batterie d'anches de 4, 8 et 16 pieds, le pédalier disposant même d'une contre-bombarde et d'une flûte ouverte de 32 pi. En facture d'orgue, on mesure en pieds depuis plusieurs siècles. Pour qui ne saurait pas ce que cela représente, disons que le plus petit tuyau de l'instrument fait environ un demi-pouce de hauteur pour son corps raisonnant, et le plus imposant, trente-deux pieds. Certains jeux de détail, tels la Flûte double du clavier de «grand-orgue», le Bourdon du clavier de «positif», la Musette du clavier «d'écho» et maints autres, sont particulièrement représentatifs de l'art de Casavant au début du siècle dernier. Aucun instrument, que ce soit à Montréal, au Québec, au Canada et même en Amérique du Nord, n'est plus représentatif de la perfection technique dont la maison Casavant était capable au début du XXe siècle. La console de quatre claviers dont il est doté est une merveille du point de vue artisanal. Elle est faite d'acajou massif, et les quelque cent tirasses de jeux en boutons disposés en amphithéâtre de chaque côté des claviers sont faites de bois d'acajou et d'ébène dans lesquels sont encastrées des plaquettes d'ivoire sur lesquelles les noms des jeux leur correspondant sont écrits en lettres gothiques rouges ou noires selon les claviers ou les fonctions qui leurs correspondent. Les touches des claviers en ivoire étaient fabriquées chez Casavant et même après bientôt un siècle, elles sont en parfait état de conservation. Instrument patrimonial Tous les organistes qui ont joué sur cet instrument ou qui ont donné des récitals au Très-Saint-Nom-de-Jésus sont unanimes et en parlent comme d'un véritable joyau de la facture d'orgue romantique. Nous sommes donc loin de parler de «chats de ruelle à la défense desquels on ne peut se porter». Nous parlons d'un instrument patrimonial, sis dans une église qui mérite à tous égards d'être reconnue «patrimoniale». Plus de 650 000 $ ont été investis dans la réfection de l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus et 500 000 $ autres suffiraient pour régler les problèmes auxquels fait face le comité pour sa sauvegarde: soit 100 000 $ pour chauffer l'édifice pendant un an afin de sécuriser les grandes orgues et les oeuvres d'art, 100 000 $ pour effectuer des travaux d'entretien d'urgence et 300 000 $ pour consolider la façade afin de rouvrir l'église, interdite d'accès. Tout cela, le temps que soient étudiés divers projets de conversion, dont celui d'un musée de l'orgue et d'une bibliothèque pour enfants. Laisserons-nous encore une fois un gouvernement incompétent et insensible à la conservation du patrimoine religieux nous déposséder d'un bien aussi précieux? Bien au-delà du patrimoine religieux, il y a aussi le patrimoine artisanal et artistique d'un des plus grands facteurs d'orgues au monde, dont le nom et le savoir-faire ont fait et continuent de faire la réputation du Québec sur les cinq continents. Il en va aussi du respect des citoyens et des générations de citoyens du quartier Hochelaga-Maisonneuve qui se sont donné cette église, les oeuvres d'art qui la décorent et son orgue. Il en va finalement du témoignage culturel qu'incarne l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et des richesses patrimoniales qui en découlent. Ne laissons sous aucun prétexte une telle monstruosité advenir. Source: Le Devoir |
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21 mai 2010 | Église et orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus Des choix difficiles à faire Réponse de la ministre, Christine St-Pierre L'orgue est menacé par la mise en vente de l'église en juillet prochain. Depuis quelques jours, le patrimoine religieux est au cœur de l'actualité. C'est pourquoi je souhaite apporter un éclairage supplémentaire sur le rôle du ministère à ce sujet. D'abord, précisons une chose: croire que nous sommes indifférents ou négligents quant à la protection du patrimoine culturel québécois est une erreur. En Amérique du Nord, le Québec est un chef de file en cette matière. À l'heure actuelle, ce sont plus de 10 000 biens immobiliers - dont certains très imposants - qui sont protégés par le gouvernement. Et j'ose dire que nos programmes d'aide comptent parmi les plus généreux à l'échelle du continent. J'ajoute que le patrimoine religieux fait l'objet d'une attention toute particulière de notre part. Depuis 1995, le ministère a investi plus de 220 millions de dollars dans la restauration et le recyclage de nombreux biens religieux. Parmi ceux-ci, on compte 1000 lieux de culte, presbytères, ensembles institutionnels et cimetières. Il faut savoir que le patrimoine religieux du Québec est littéralement immense. Il est impossible de tout protéger. Nous devons faire des choix en fonction de la valeur historique des biens religieux et de la capacité de payer des contribuables. En ce qui concerne la problématique soulevée par l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, je souligne qu'elle ne présente pas les caractéristiques qui en font un bien culturel d'intérêt national. Sa seule conservation nécessiterait des investissements de plusieurs millions de dollars. Il y a deux ans, sa fermeture au culte a été annoncée par la Fabrique. Quant à son orgue, personne ne remet en cause sa valeur. Il importe néanmoins de rappeler que le Québec possède actuellement un corpus de plus de 60 orgues protégés par la loi. Mon rôle est de protéger les biens exceptionnels au bénéfice de l'ensemble de la société, et je m'y applique avec tout le discernement et toute l'attention dont ils sont dignes. Leur sauvegarde repose aussi sur une responsabilité partagée par les diocèses, les paroisses, les autorités régionales, les municipalités et la population. Mon ministère est d'ailleurs prêt à accompagner ces partenaires lorsqu'on désire changer la vocation des églises ou des édifices religieux. C'est ainsi que plus d'une quinzaine d'ententes ont été conclues entre le ministère et des diocèses afin d'aider ceux-ci dans leurs démarches. Dans les faits, il nous arrive parfois de devoir faire des choix difficiles, mais nous sommes à tout moment guidés par des critères rigoureux et par un désir ardent et constant: transmettre ce précieux héritage aux futures générations. Source: Le Devoir |
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20 mai 2010 | La ministre Christine St-Pierre refuse de débloquer des fonds d'urgence ou d'empêcher la vente à des acheteurs étrangers Malgré l'avis exprimé par plusieurs experts, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, refuse de débloquer des fonds d'urgence pour sauvegarder l'église et l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus, ou d'intervenir pour empêcher la vente de cet instrument majestueux à des étrangers. Invitée depuis plusieurs jours à préciser ses intentions quant à la mise en vente imminente de l'église et de son orgue patrimonial, la ministre a plutôt lancé la pierre hier aux élus municipaux, qu'elle accuse de n'avoir pas fait leurs devoirs. «Tout ce monde n'a jamais invité le ministère à siéger au comité [de sauvegarde]. Et il n'y a jamais eu de projets déposés au ministère. M. Ménard n'a jamais demandé à faire citer le bâtiment par la Ville. Il n'a pas fait sa job», a-t-elle soutenu hier en entrevue, d'avis qu'il revient au milieu et non à la ministre de trouver une nouvelle vocation pour le bâtiment. Malgré les demandes pressantes faites lundi dernier par le comité de sauvegarde de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, la ministre n'a pas du tout l'intention de consentir les fonds d'urgence de 500 000 $ réclamés pour consolider la façade et protéger l'orgue le temps qu'une nouvelle vocation à l'ancien lieu de culte, fermé il y a un an, soit trouvée. «Nous sommes dans une situation financière extrêmement sérieuse et je n'ai pas d'argent», a insisté la ministre hier. Selon cette dernière, seule une demande de citation à la Ville de Montréal permettrait d'avoir accès aux subventions du fonds du patrimoine culturel, soit 25 % du montant nécessaire pour retaper en partie le bâtiment. Quant au classement de l'église et de son orgue par le ministère de la Culture, la ministre St-Pierre n'y songe pas. «Ce que le ministère nous dit, c'est que c'est un orgue auquel on ne peut attribuer une valeur patrimoniale», a-t-elle tranché, reprenant l'opinion exprimée lundi par un fonctionnaire de son ministère. La ministre n'entend pas non plus s'opposer à la vente de l'orgue à des acheteurs étrangers, ni à récupérer les 650 000 $ en fonds publics investis dans la restauration de l'instrument à la fin des années 1990. À son avis, l'archevêché de Montréal a respecté toutes les conditions exigées par la loi, à savoir maintenir les lieux ouverts pour le culte pendant au moins cinq ans après le versement des subventions. Invité à réagir à ces propos, le maire de l'arrondissement d'Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, est sorti de ses gonds. «Je suis étonné de l'ignorance crasse de la ministre par rapport à ses responsabilités face au patrimoine. Ce n'est pas à l'arrondissement de classer des églises. Tout ça relève de l'Assemblée nationale», a rétorqué M. Ménard, exaspéré du discours tenu par le ministère dans ce dossier. Même si les autorités religieuses avaient pu prendre l'initiative de réclamer le classement du bâtiment ou de l'orgue, Réal Ménard estime que cela ne change rien au fond du problème. «Le problème, c'est la préservation à court terme du bâtiment et de l'orgue, et pour ça, il faut des fonds que l'arrondissement n'a pas», dit-il. Le maire d'arrondissement précise que la ministre a été mise au courant par lettre des problèmes posés par la mise en vente de l'église et qu'un fonctionnaire du ministère de la Culture a assisté à des séances de travail sur la revalorisation du Très-Saint-Nom-de-Jésus. «Personne ne va baisser les bras. Nous n'accepterons pas que le gouvernement ne contribue pas à la sauvegarde de ce patrimoine. Si elle pense que le temps va apaiser les choses, la ministre se trompe», a conclu M. Ménard. Source: Le Devoir, Isabelle Paré |
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19 mai 2010 | Le Conseil du patrimoine religieux contredit le ministère de la Culture Le cas de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et son orgue exceptionnel est en voie de devenir un cas type du dilemme financier que posera, au cours des prochaines années, la sauvegarde de l'imposant patrimonial religieux au Québec. Non seulement le Conseil du patrimoine religieux du Québec est convaincu de la très grande valeur de l'orgue et de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, mais l'organisme qui conseille le gouvernement s'étonne du peu d'intérêt démontré par le ministère de la Culture pour ce patrimoine, menacé par sa vente imminente. Contacté hier par Le Devoir, le directeur du Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ), Jocelyn Groulx, s'est montré tout à fait étonné de la position affichée jusqu'ici par le ministère de la Culture. Dans l'édition d'hier du Devoir, le directeur du patrimoine au ministère de la Culture disait ne pas avoir d'informations voulant que l'église ou l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus méritent une attention particulière. «À notre avis, cet orgue est d'une très grande valeur et la position du ministère de la Culture nous étonne», a soutenu M. Groulx. Selon ce dernier, un rapport sur la valeur patrimoniale de toutes les églises construites avant 1945 a été réalisé en 2004 et, à l'époque, celle du Très-Saint-Nom-de-Jésus a été classée dans la catégorie C. Une aide financière a même été versée à la suite de cette évaluation, selon le CPRQ, dont plus de 330 000 $ aux seules fins de la restauration de l'orgue. À la lumière du peu d'intérêt affiché jusqu'ici par le ministère de la Culture, le directeur du Conseil du patrimoine religieux a affirmé hier qu'un nouveau rapport sera transmis d'ici une dizaine de jours au ministère sur la valeur de l'orgue et de l'église. «On veut transmettre ces informations pour clarifier les choses, a indiqué M. Groulx. S'ils [le ministère] ne sont pas au courant, c'est qu'il y a un manque d'information.» Par ailleurs, plusieurs spécialistes et éminents organistes contactés hier n'ont pas caché leur stupéfaction quant à la méconnaissance qui semble régner au ministère de la Culture concernant l'instrument, menacé par la mise en vente prévue de l'église en juillet prochain. «Cet orgue est un exemple majestueux de la facture d'orgue de cette époque. C'est un instrument exceptionnel, d'envergure internationale. Il n'y a que deux orgues de cette qualité dans tout le Canada, celui-là et celui de l'église Saint-Jean-Baptiste», soutient John Grew, grand organiste et titulaire de l'enseignement de l'orgue à l'École de musique Schülich de l'Université McGill. Le professeur, qui a enregistré les Symphonies no 5 et no 9 de Charles-Marie Widor sur l'orgue de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, estime que les qualités sonores de cet orgue et l'acoustique impeccable de l'église en font un lieu unique permettant de restituer avec fidélité plusieurs grandes oeuvres du répertoire de l'orgue symphonique. «Cet orgue possède tous les jeux d'un orgue symphonique, ce qui fait qu'on peut y jouer la musique d'une façon fidèle à l'époque. On ne peut pas jouer Charles-Marie Widor et César Franck n'importe où», opine le musicien, qui rappelle que le grand facteur d'orgues britannique Henry Willis a déclaré dans ses écrits que l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus constituait à n'en pas douter le «chef-d'oeuvre» de la maison Casavant. «Si cet orgue est perdu, ce sera une grande perte», dit-il. Le spécialiste de la préservation des orgues au Québec, Christopher Jackson, soutient que le caractère unique de cet orgue est connu «internationalement». «Si on a accordé une subvention aussi importante [330 000 $ en 1995-1999] pour le restaurer, c'est que c'est un orgue connu depuis longtemps. C'est une voix unique, très poétique», a expliqué hier ce conseiller spécial auprès du CPRQ. Ce dernier, qui est sur le point de compléter l'inventaire des orgues historiques du Québec, affirme que l'instrument magistral se démarque d'entre tous. Joint hier à Québec, le critique du Parti québécois en matière de culture, le député Maka Kotto, a affirmé que la ministre Christine St-Pierre se défilait de ses responsabilités dans ce dossier et faisait preuve d'un manque de leadership flagrant. «La ministre est interpellée. Son indifférence est assimilable à du mépris.» Source: Le Devoir, Isabelle Paré |
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18 mai 2010 | La sauvegarde de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus Réaction du ministère: Québec reste sourd aux S.O.S. Le comité de sauvegarde de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus a pressé hier la ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, de consentir à verser un fonds d'urgence d'un demi-million pour sauver l'église menacée et son orgue exceptionnel. Choqués, les députés, les élus locaux, les représentants de l'église ont d'ailleurs uni leurs voix hier pour décrier en conférence de presse les propos tenus vendredi dans Le Devoir par l'attachée de presse de la ministre St-Pierre. Cette dernière avait fait une comparaison boiteuse en affirmant que le ministère de la Culture ne pouvait se porter à la défense de toutes les églises, comme «on ne pouvait se porter à la défense de tous les chats de ruelle». Le désarroi causé par les propos de l'attachée de presse de la ministre St-Pierre était aussi patent chez la députée péquiste d'Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier. «C'est méprisant pour toutes les églises», a-t-elle commenté. À ce jour, toutes les demandes faites au MCCQ par le comité de sauvegarde de l'église sont restées sans réponse. «Se faire traiter de chat de ruelle, ça n'a pas d'allure. Dès mon retour à Ottawa, je vais faire des représentations auprès du ministre James Moore [Patrimoine canadien]», a pour sa part commenté Daniel Paillé, député bloquiste d'Hochelaga. «Si le ministère considère notre église comme un chat de ruelle, on peut comprendre que ça ne crée pas d'émoi de laisser aller ses grandes orgues vers Toronto ou le Japon», a déploré hier Robert Cadotte, porte-parole du regroupement et ex-commissaire de la CSDM pour Hochelaga-Maisonneuve. «C'est comme si un violoniste décidait de jeter son Stradivarius parce qu'une corde est cassée», a-t-il ajouté, au terme d'un exposé visant à énumérer les menaces imminentes qui pèsent sur le bâtiment et ses grandes orgues. Déjà attaquée par les graffitis, l'église barricadée depuis un an a aussi subi des dommages ces derniers mois, notamment à l'une de ses arcades, dont les peintures ont été détruites par les fuites d'eau. Des vitres de protection des vitraux ont aussi volé en éclats à cause de jets de pierres. «Les actes de vandalisme risquent de s'aggraver. La cessation prévue de l'entretien en juillet par l'archevêché va entraîner une situation de détérioration à la vitesse grand V», craint M. Cadotte. Après une démonstration très éloquente de la puissance de l'orgue du Très-Saint-Nom-de Jésus, on a d'ailleurs pu constater hier en conférence de presse que les jeux d'anches de l'orgue magistral ont déjà commencé à souffrir de l'humidité et du thermomètre gardé à 16 degrés tout l'hiver. Un an sans chauffage signerait à coup sûr la destruction de plusieurs des 6200 tuyaux de ce que d'aucuns considèrent comme le plus brillant instrument jamais fabriqué par la Maison Casavant, a soutenu hier Yves Garant, responsable du Festival Orgues et couleurs. L'archevêché prévoit mettre l'église en vente en juillet pour se libérer des frais de 100 000 $ par mois que requièrent l'entretien et le chauffage de ce vaste lieu de culte. Quant à l'orgue, il est notamment convoité par une paroisse de Toronto et par des acheteurs japonais, a-t-on répété hier. Bien que plus de 700 000 $ en fonds publics aient déjà été investis pour restaurer l'orgue depuis 1995, l'archevêché de Montréal n'a jamais caché son intention de vendre l'instrument au plus offrant. Indifférence à Québec Mais toutes ces considérations ne semblent guère émouvoir la ministre de la Culture, qui a chargé hier le directeur du patrimoine et de la muséologie de son ministère, Jean Bissonnette, de répondre aux journalistes. Selon ce dernier, le ministère de la Culture ne dispose d'aucune indication selon laquelle l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus revêtirait un caractère si exceptionnel, quoi qu'en disent plusieurs spécialistes et organistes. «Cet orgue-ci est important, mais pas au point de mériter une protection nationale. On a déjà protégé une trentaine d'orgues Casavant et un corpus fort important d'autres orgues. Le but de la loi est de protéger un nombre représentatif d'éléments pour les générations futures. La solution ne vient pas juste du ministère», a fait valoir ce dernier. L'orgue n'ayant jamais fait l'objet d'un classement, M. Bissonnette a indiqué que le Ministère ne dispose d'aucun moyen légal pour intervenir si l'instrument à vent est bradé en juillet à des étrangers. Quant à l'église, elle n'a obtenu qu'une cote C de lors d'une évaluation faite par le Conseil du patrimoine religieux du Québec, ce qui n'en fait pas une priorité aux yeux du ministère. Comble de l'ironie, l'église, qui n'est plus utilisée pour le culte, n'est donc plus admissible aux programmes de subventions du patrimoine... religieux, a expliqué M. Bissonnette. Dans le dédale kafkaïen de la bureaucratie, il faudrait donc plutôt faire appel au Fonds pour la protection du patrimoine culturel! Quant à l'argument des 650 000 $ engloutis en fonds publics pour restaurer l'orgue, la loi prévoit que les autorités religieuses n'ont en retour que l'obligation de garder le lieu de culte ouvert pendant les cinq années suivantes. Un délai qui, en l'occurrence, a été respecté, insiste M. Bissonnette. Le ministère de la Culture dit avoir largement apporté sa contribution en investissant quelque 220 millions depuis 1995 dans la protection du patrimoine religieux. Fonds d'urgence Pour l'instant, le comité de sauvegarde réclame de Québec 100 000 $ pour chauffer l'édifice pendant un an afin de sécuriser les grandes orgues et les oeuvres d'art, 100 000 $ pour effectuer des travaux d'entretien d'urgence et 300 000 $ pour consolider la façade afin de rouvrir l'église, interdite d'accès. Tout cela, le temps que soient étudiés divers projets de conversion, dont celui d'un musée de l'orgue et d'une bibliothèque pour enfants. Hier, le maire de l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, a soutenu que la ville de Montréal aiderait le comité à trouver des locataires pour occuper les lieux et que le service de la culture diffusera sous peu un avis sur la valeur patrimoniale de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus. Un avis qui risque d'arriver trop tard? «C'est un S.O.S. qui est lancé ce matin. Ce n'est pas juste important pour le quartier, mais pour tout le Québec. C'est quand même un des plus imposants orgues au monde», a pour sa part insisté Pierre Côté, le vicaire épiscopal responsable du sud-ouest pour l'archevêché de Montréal. Un S.O.S. qui, pour l'instant, tombe dans l'oreille d'un sourd. Et cela, malgré le coffre puissant des bourdons de l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus. Source: Le Devoir, Isabelle Paré |
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14 mai 2010 | L'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et son orgue sont menacés Québec n'a pas l'intention de lever le petit doigt ![]() La vente de l’orgue serait d’autant plus déplorable que le gouvernement a déjà englouti 650 000 $ en 1995 pour le restaurer complètement.Le ministère de la Culture n'a pour l'instant pas l'intention de lever le petit doigt pour empêcher la démolition en juillet prochain de l'imposante église du Très-Saint-Nom-de-Jésus dans Hochelaga-Maisonneuve et la vente au plus offrant de son orgue magistral de 6218 tuyaux. Alors que le comité de sauvegarde du quartier se débat depuis près de deux ans pour rescaper l'église et son instrument unique, rien ne semble vouloir ébranler la position du ministère de la Culture. À moins d'un revirement subit, l'église sera détruite en juillet, a affirmé hier Carole Poirier, députée péquiste d'Hochalaga-Maisonneuve. Joint par Le Devoir cette semaine, le cabinet de la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a en effet confirmé que rien n'était envisagé à court terme pour sauver l'église menacée, interdite d'accès depuis que des pierres risquent de se détacher de la façade. Certains vitraux présenteraient des signes de détérioration. Mais aucune mesure n'a été entreprise dernièrement pour réévaluer le statut patrimonial de l'église et de son instrument. «On a déjà classé une trentaine d'orgues, on ne peut pas faire une collection d'orgues. Car ça vient avec des responsabilités. On ne peut sauver toutes les églises, comme on ne peut pas sauver tous les chats qui sont dans les ruelles», a répondu cette semaine l'attachée de presse de la ministre, Valérie Rodrigue, précisant que le ministère concentrait ses subventions aux églises classées A, B ou C. Intervention d'urgence Pour ces raisons, la députée péquiste d'Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier, et le comité de sauvegarde du quartier réclameront lundi en conférence de presse que Québec pose un geste d'urgence pour sauver ce patrimoine en péril qui, faute d'intervention, tombera sous le pic des démolisseurs en juillet. «On va réclamer un geste d'urgence pour que le gouvernement reconnaisse le caractère exceptionnel de l'orgue et de l'église», affirme la députée. Pour l'instant, l'église est classée C par le ministère de la Culture, qui ne lui reconnaît pas une valeur culturelle exceptionnelle. «Le 1er juillet, c'est la date-butoir. Il y a dans le quartier une mobilisation incroyable, mais il faut des sous pour faire les études pour évaluer la faisabilité de divers projets de revalorisation», affirme la députée. Divers projets ont été évoqués au cours des derniers mois, dont ceux d'un musée de l'orgue, d'une bibliothèque et d'un centre culturel. La députée et plusieurs autres observateurs ne cachent pas leur colère quant à l'immobilisme du ministère et déplorent le classement accordé à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus par les fonctionnaires. «Il y a un problème au ministère de la Culture avec l'évaluation du patrimoine religieux. Il n'y a pas de plans clairs, et quand des églises sont fermées, on laisse entièrement aux communautés le soin de trouver des projets de conversion», déplore la députée. Acculé à un déficit d'un million de dollars, c'est le diocèse de Montréal qui a pris la décision de fermer l'église emblématique d'Hochelaga-Maisonneuve en juin 2009 et de s'en départir à compter de juillet prochain, si aucun projet de conversion n'aboutit. L'entretien de l'immeuble coûterait au bas mot 100 000 $ par an. La vente de l'orgue, reluqué par une paroisse de Toronto, par des Japonais et par une communauté religieuse de Lanaudière, rapporterait un demi-million au diocèse. Les coûts de déménagement dans une autre église, évalués à au moins 750 000 $, sont considérés comme prohibitifs. Pour Yves Garant, directeur du Festival Orgue et Couleurs qui bat son plein à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus chaque automne, la situation est critique. «Cet orgue est un moteur pour la vie de quartier. Les musiciens et les étudiants ne peuvent déjà plus y venir depuis juin 2009. On ne peut se permettre de perdre un orgue d'une telle valeur», dit-il. La vente de l'orgue serait d'autant plus déplorable que le gouvernement a déjà englouti 650 000 $ en 1995 pour le restaurer complètement, ajoute Carole Poirier. «La preuve de sa valeur exceptionnelle, c'est qu'il est convoité par des gens de partout», rétorque-t-elle. Construit en 1915, l'orgue de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus compte 91 jeux et quatre claviers, ce qui en faisait le sixième au monde en termes de grosseur au moment de sa construction. Quant à l'église, considérée comme la «cathédrale de l'Est», elle détonne non seulement par sa taille imposante, mais aussi par la richesse de sa décoration. De majestueux vitraux, livrés en secret depuis Paris pendant la Grande Guerre, ornent l'immense bâtiment. Source: Le Devoir, Isabelle Paré |
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30 juin 2009 |
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9 février 2009 |
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22 septembre 2008 |
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15 janvier 2008 |
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1er août 2007 |
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8 août 2006 |
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6 août 2006 |
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15 juin 2006 |
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6 juin 2006 | La Commission de la Culture recommande qu'un inventaire des orgues au Québec soit réalisé en priorité Texte (en pdf) |
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15 mai 2006 | Lancement du disque de la dernière oeuvre de Petr Eben.
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25 avril 2006 | Sylvie Poirier et Philip Crozier sont heureux d’annoncer leur huitième commande d’oeuvre pour orgue quatre mains.
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26 janvier 2006 | Présentation de Martin Yelle au nom de la FQAO à la Commission de la Culture de l'Assemblée nationale du Québec concernant la patrimoine religieux des orgues au Québec Texte (en pdf) |
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30 août 2005 | Mémoire présenté par la FQAO à la Commission de la Culture de l'Assemblée nationale du Québec concernant la patrimoine religieux des orgues au Québec Texte (en pdf) |
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21 août 2005 |
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