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Boisselin 1713 / Sals 1965, 1985
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La ville de Malaucène est située à 40 km (25 milles) au nord d'Avignon. Lors de l'installation du premier pape en Avignon en 1309, Malaucène - plus précisément le monastère du Groseau - devint la résidence d'été de Clément V, qui y séjourne de 1309 à 1314 et qui marque la ville de son empreinte.
L'église, de style romano-gothique et souvent, à tort, attribuée au pape Clément V, est construite, à partir de 1309, sur l'emplacement d'un ancien temple et reste inachevée pendant cinq siècles.
Le clocher, la facade ouest avec son portail à arc brisé et les quatre travées adjacentes avec contreforts dégagés datent de la première moitié du XIVe siècle.
Son aspect fortifié avec mâchicoulis, casemates et autres accessoires de guerre, assez rare pour un édifice religieux, est dû au fait que cette église faisait partie de l'enceinte de la ville. Les machicoulis qui surplombent l'entrée et les feuilles de fer battu du portail sont des souvenirs du XVe siècle. Durant les guerres de religion, en 1579, contre la menace des Huguenots, le mur de la face sud est surélevé entre les contreforts pour supporter un chemin de ronde avec merlons et crénaux.
De 1703 à 1714, l'édifice est achevé par Pierre Mignard II, fils du peintre Nicolas Mignard. Les travaux comprennent la création de la cinquième travée et du chevet, la transformation des fenêtres et l'aménagement d'une porte au nord-est. Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, l'intérieur est embelli tandis que l'aménagement des esplanades et du perron a lieu à la fin du XVIIIe siècle.
L'édifice est classé au registre des monuments historiques le 4 novembre 1982.
Extérieur
La façade principale, à l'ouest, rappelle celle de l'église de Monfavet, réalisé de 1343 à 1374 sous l'autorité du Cardinal Bertrand de Monfavet, Prieur du monastère du Grozeau depuis 1318. Elle présente des traces de la corniche d'origine et l'oculus est décorée d'une rosace polygonale probablement refaite en 1653. Le linteau, vandalisé en 1792, porte les traces du Christ et de ses apôtres placés dans une colonnade. Les amorces d'un porche jamais construit sont ornées de personnages fantastiques. La porte principale, constituée de planches épaisses bardées de plaques de fer, date de 1460.
La façade sud comporte six renforcements, que l'on pourrait prendre pour des fenêtres obturées, sont en réalité des contreforts enchâssés dans les murs depuis 1579. En-dessous des quatre fenêtres les plus anciennes, les blocages réalisés au début du XVIIIe siècle, quand l'architecte les a harmonisées avec celles du chevet. À la base de la muraille, un banc de pierre, long de 41,77 mètres/137 pieds (certainement le plus long de France) date de l'époque où l'esplanade a été aménagée (1783-1785). Sur celle-ci, une croix monumentale a été érigé en 1819.
La façade nord comporte une grande porte romane, ouverte en 1574 pour remplacer la grande porte murée dès 1560 par crainte des Huguenots. Le clocher englobe un escalier en spirale et comprend trois cloches.
Intérieur
Dans le choeur, l'église abrite les stalles et boiseries datant de 1729 ainsi que sept grandes toiles dues au peintre local Joseph-Marie Monier, datant de 1755 et classées en 1908. Le maître-autel est de 1826 et les sept vitraux ont été réalisés en 1897 par le maitre verrier Lucien Bégule, de Lyon.
La chapelle Saint-Michel contient un retable qui fut celui du maître-autel avant 1703. Il comprend un fronton où apparaît Dieu le Père et un tableau, livré en 1598 par le peintre avignonais Zacharie. Il représente saint Michel vêtu d'une armure romaine perçant de sa lance le corps moribond du diable prenant l'apparence d'un dragon; il est flanqué de saint André et saint Jean-Baptiste. Ce tableau a fait l'objet d'une restauration entre 2010 et 2012.
La chaire a été réalisée vers 1880 et 1885 par les frères Charrol, artistes locaux, sur les plan de l'abbé Joseph Pougnet, architecte à Marseille.
L'église possède un Chemin de croix exceptionnel réalisé à la fin XIXe siècle par le sculpteur André-César Vermare, de Lyons.
L'orgue
En 1637, les membres de la Confrérie du Saint-Sacrement font appel à un Augustin du couvent de Pernes et facteur d'orgues, le père Jean-Jacques Posalgues, pour la construction d'un instrument. Le 5 avril de la même année, l'artisan proteste, car on ne le paie pas. Il fait savoir aux confrères que le travail est fort avancé mais qu'il sera obligé de l'interrompre avant de l'avoir achevé s'il ne reçoit un paiement quelconque pour payer ses ouvriers. Comme la confrérie est sans le sou, le conseil de la ville décide, le 26 juillet, de prêter 200 écrus vu que l'orgue est pour la gloire de Dieu et l'ornement de l'église. L'orgue est achevé et installé sur une tribune latérale. De cet instrument, il ne reste qu'une grille de sommier qui sert de plancher dans l'orgue actuel.
Le 18 février 1712, un acte est passé avec Charles Boisselin et la Confrérie pour construire un nouvel instrument et de l'installer sur une nouvelle tribune construite par Philippe Bernus, de Mazan. En un an à peine, tout est complété. L'orgue est augmenté de deux jeux et diverses réparations sont effectuées. L'étendue des claviers est de 48 notes (CD-c3) et celui du pédalier de 18 marches. Le 1er juillet 1713, Louis d'Alès, organiste de la cathédrale de Vaison, reçoit les travaux. Il se montre satisfait du travail de Bosselin qui est payé.
L'instrument est réparé en 1723 par le facteur Jean Salomon puis en 1757 par le religieux dominicain, le frère Jean-Esprit Isnard.
En 1783, Joseph Isnard, neveu de Jean-Esprit, exécute une remise en état de l'instrument et remplace le Cromorne par une Trompette. Il touche pour son travail la somme de 240 livres, ce qui indique qu'il a dû conserver beaucoup de l'ancien matériel de Boisselin. À la même occasion, un dénommé Lenos, de Carpentras, dore le buffet. Ce buffet doré en 4 pieds est l'un des plus gracieux dans la région du Comtat, par ses échancrures latérales et ses trois tourelles, coiffées de dômes à écailles, d'anges musiciens et du roi David. Même si rien ne l'indique, il est plausible que Boisselin ait modifié le buffet lors de son déplacement et de son remontage en 1712. Avec quelques réserves, certains éléments pourraient lui être attribués, notamment les petits anges des tourelles latérales ou certaines sculptures en claire-voie.
En 1841, un facteur d'orgues dénommé Payan, d'Avignon, restaure l'instrument. Il étend le clavier à 54 notes, construit un sommier de pédale sur lequel il installe 13 notes de Flûte 8', remplace la Tierce par une Flûte 4' et obtient un Flageolet 2' en décalant le Larigot.
En 1943, le facteur Auguste Chenet, de la maison Merklin, effectue un relevage. Il remplace le clavier de Payan et modifie la soufflerie.
En 1965, le facteur Alain Sals entreprend une restauration complète de l'instrument. Un clavier neuf est refait à la taille du clavier primitif afin de redonner son aplomb à la mécanique et favoriser ainsi la précision du toucher. Les deux anciens soufflets cunéiformes sont remis en service, retrouvant ainsi la pression d'origine. Le Flageolet est remis en Larigot tandis que la Flûte 4' du clavier et la Flûte 8' de la pédale sont conservées.
Dans les années 1980, Alain Sals réalise un tempérament inégal plus marqué, plus proche du tempérament primitif et accentuant ainsi l'authenticité. En 1985, il restaure le sommier, la mécanique et les soufflets.
Le buffet est classé au registre des Monuments historiques le 5 décembre 1908 et la partie instrumentale le 29 juin 1970.
[cliquer sur l'image ou ici pour obtenir une version agrandie]
The city of Malaucène is located 25 miles (40 km) north of Avignon. During the installation of the first pope in Avignon in 1309, Malaucène - more precisely the Groseau monastery - became his summer residence of Clement V, who resided from 1309 till 1314 and who left his mark on the city.
The romano-gothic-style church, often, wrongly allocated to the pope Clement V, is built, from 1309, on the site of an ancient temple and remained incomplete for five centuries.
The bell tower, the western facade with its pointed arch portal and the four adjacent bays with visible buttresses date from the first half of the 14th century.
Its fortified look with machicolation, blockhouses and other rather rare, war accessories for a religious building, is owed to the fact that this church was part of the city's fortification wall. The machicoulis which overhangs the entrance and the wrought iron sheets in the portal are reminiscences from the 15th century. During the wars of religion, in 1579, against the threat by the Huguenots, the southern face wall was heightened between the buttresses to support a sentry walk with walls and niches.
From 1703 till 1714, the building was completed by Pierre Mignard II, son of painter Nicolas Mignard. Works included the creation of a fifth bay and the apse, the transformation of the windows and the introduction of a door in the northeast. During the 18th and 19th centuries, the interior was beautified while the development of the plaza and the porch took place at the end of the 18th century.
The building was classified as a historic monument on November 4th, 1982.
Exterior
The main facade, on the west side, is a reminder of the church in Monfavet, built from 1343 to 1374 under the supervision of Bertrand Cardinal de Monfavet, prior of Grozeau monastery since 1318. It shows traces of the original cornice and the oculus is decorated with a polygonal rose window probably dating from 1653. The lintel, vandalized in 1792, shows traces of a Christ and his apostles on a colonnade. The initiation of a never built porch is decorated with fantasy figures. The main door, built of thick boardwalk plated with iron plates, dates from 1460.
The southern facade includes six reinforcements, which could be taken for blocked up windows, are really buttresses set in walls since 1579. Below the four most ancient windows, obstructions executed at the beginning of the 18th century, when the architect matched them with those in the apse. At the bottom of the wall, a stony bench, 137-foot (41.77-metre) long (certainly the longest in France) dates from the time when the plaza was developed (1783-1785). A monumental cross was installed in 1819.
The northern facade features a large Romanesque door, installed in 1574 to replace the large walled-up door since 1560 by fear of the Huguenots. The bell tower includes a spiral staircase and houses three bells.
Interior
In the chancel, the church houses stalls and woodwork dating from 1729 as well as seven large paintings executed by local painter Joseph-Marie Monier which date from 1755 and were classified in 1908. The main altar is from 1826 and the seven stained glass windows were executed in 1897 by glass maker Lucien Bégule, of Lyons.
St. Michel chapel contains a reredos which belonged to the high altar before 1703. It included a pediment where God the Father is shown and a painting executed in 1598 by painter Zacharie, of Avignon. It represents St. Michael dressed in a Roman armor piercing with its spear the dying body of the demon taking the look of a dragon, He is flanked by St. Andrew and St. John the Baptist. This painting was restored between 2010 and 2012.
The pulpit was executed around 1880 and 1885 by the Charrol brothers, local artists, on plans by Fr Joseph Pougnet, an architect in Marseilles.
The church houses an exceptional Way of the Cross executed at the end of the 19th century by sculptor André-César Vermare, of Lyons.
The Organ
In 1637, the members of the Blessed Sacrament Confraternity entrusted an Augustine monk from the Pernes monastery and organbuilder, Fr Jean-Jacques Posalgues, with the construction of an instrument. On April 5th of the same year, the organbuilder complained, because he was not paid. He informed the confraternity member that the job was well under way but that he will be obliged to interrupt it before it is completed if he does not receive a payment to pay his workers. As the confraternity was penniless, the city council decided, on July 26th, to lend 200 ecus because the organ was for the glory of God and the ornament of the church. The organ was completed and installed on a lateral gallery. Of this instrument, only a windchest grid is extant and it is used as a floor element of the actual organ.
On February 18th, 1712, a contract between Charles Boisselin and the Confraternity was signed to build a new instrument and to install it on a new gallery to be built by Philippe Bernus, of Mazan. Barely one year later, everything was completed. The organ received two new stops and various repairs were carried out. The manual compass was enlarged to 48 notes (CD-c3) and the pedalboard to 18 steps. On July 1st, 1713, Louis d'Alès, organist of the Vaison cathedral, accepted the organ. He was satisfied with the work by Bosselin who got paid.
The instrument was repaired in 1723 by organbuilder Jean Salomon and in 1757 by a Dominican friar, Br Jean-Esprit Isnard.
In 1783, Joseph Isnard, nephew of Jean-Esprit, carried out a restoration of the instrument and replaced the Cromorne with a Trompette. He was paid 240 pounds for its work, which points out that he must have kept the most of Boisselin's ancient elements. At the same time, someone called Lenos, of Carpentras, gilded the organcase. This gilded 4-foot organcase is one of the most beautiful in the Comtat region, with its round lateral indentations and its three turrets topped by scaled cupolas, by musicians angels and by King David. With no real proof, it is possible that Boisselin modified the organcase during its transfer and its reassembly in 1712. With some reservations, certain elements could be allocated to him, mainly the small angels on the lateral turrets or certain sculptures in the pipe shades.
In 1841, an organbuilder by the name of Payan, from Avignon, restored the instrument. He extended the manual compass to 54 notes, built a pedal windchest on which he installed 13 Flute 8' notes, replaced the Tierce with a Flute 4' and obtained a Flageolet 2' by rescaling the Larigot.
In 1943, Organbuilder Auguste Chenet, from the Merklin firm, executed a relevage. He replaced Payan's keyboard and modified the wind system.
In 1965, organbuilder Alain Sals undertook a full restoration of the instrument. A new keyboard was built according to the original keyboard size to obtain a better matching with the action and to favor the touch precision. The two old wedge bellows were put back into action recapturing the original wind pressure. The Flageolet was rescaled into a Larigot while the manual Flute 4' and the pedal Flute 8' were retained.
In the 1980s, Alain Sals developed a more pronounced unequal temperament, closer to the original one and strengthening its authenticity. In 1985, he restored the windchest, the action and the bellows.
The organcase was classified as a Historic monument on December 5th, 1908, and the instrument followed on June 29th, 1970.
Clavier |
Pédale |
|||
---|---|---|---|---|
Montre | 8' | Flûte | 8' | |
Bourdon | 8' | |||
Prestant | 4' | |||
Flûte (B/D) | 4' | |||
Nazard (B/D) | 2 2/3' | |||
Doublette | 2' | |||
Larigot (B/D) | 1 1/3' | |||
Cornet (D) | V | |||
Fourniture | III | |||
Trompette (B/D) | 8' |
(B/D) | Basse et Desssus / Bass and Treble |