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Hémon & Desenclos et Lefèvre, 1651 / Cliquot, 1750 / Dallery, 1813 / Merklin 1876 / Haerpfer, 1981
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Mitry et Mory, autrefois villages séparés, sont vraisemblablement d’origine gallo-romaine, leurs noms dévirés de « Mintriacum » et de « Mauracum » (domaine de Mintrius et de Maurius) semblent soutenir cette thèse.
Dès les XIIe et XIIIe siècles, Mitry fut doté - sans doute par le Comte de Dammartin - d’une maladrerie à la sortie du village et d’un Hôtel-Dieu en son centre. En 1695, Louis XIV réunit leurs biens et revenus pour fonder un hôpital et, en 1698, Bossuet lui-même vint y installer deux soeurs de la Charité. Elles devaient s’occuper des malades et instruire les petites filles pauvres. Elles tiendront l’école des filles jusqu’en 1904. Au XIXe siècle, cette fondation hospitalière deviendra bureau de bienfaisance.
C’est dans le château de Bois-le-Vicomte que se réfugièrent les habitants d’alentour quand, en 1652, les mercenaires du duc de Lorraine sévirent dans la région. C’est également à Bois-le-Vicomte que les pasteurs calvinistes venaient prêcher au temps de la famille d’Hervart. Saccagé par les invasions de 1814 et 1815, le château fut démoli. Les villages seront séparés jusqu'en 1839, naissance officielle de Mitry-Mory.
L'église
Sise à l'emplacement de l'église actuelle, il y avait une chapelle datant du Moyen-Âge. Étant devenue vétuste, elle fut, aux XVIe et XVIIe siècles, en partie reconstruite, en style mi-Renaissance mi-gothique, puis agrandie; la nef date de 1515 et le choeur de 1534. Sur la façade ouest, des restes d'éléments sculptés datent vraisemblablement du XIIIe siècle. La tour massive, qui flanque l'édifice, est érigée, en 1622, sous Louis XIII. Sa flèche octogonale, qui la surmonte, s’élève jusqu’à la hauteur de 40 mètres. Son chevet est fait d’un mur plat contre lequel s’appuient, de part et d’autre du choeur, des chapelles frontales. De part et d'autre de la nef, des arcs boutants surplombent les toits des nefs latérales. À la Renaissance, chacune des extrémités du bâtiment était dotée d'une nef supplémentaire, ornée dans le goût de l'époque.
À l'intérieur, l'église se compose d'une nef centrale élevée et bordée de deux bas-côtés éclairés par de larges baies en ogives. La dernière restauration entreprise, qui débute en 1973, a pour objectif d'éviter la disparition des parties anciennes.
Elle est classée « monument historique » depuis le 18 juin 1973.
L'orgue
La vieille église, elle-même classée « monument historique », devait posséder un orgue bien avant 1640, puisqu'on retrouve des traces de gages payés à l'organiste en 1637. Mais en 1640 la Fabrique prit la décision de construire un grand instrument avec sa tribune sur le mur ouest de l'église. Les facteurs Louis et Jehan de Héman, les plus habiles de leur temps, furent chargés de l'entreprise. La sculpture du buffet fut confiée au célèbre Germain Pilon. L'instrument de cette époque comprenait 24 jeux répartis sur trois claviers manuels et pédalier. La présence d'un orgue de cette importance dans un petit village a longtemps fait penser à un mécène. Le cardinal de Richelieu ayant été l'illustre propriétaire du château de Bois-le-Vicomte à Mitry-en-France, le rapprochement fut fait et la légende naquit : l'orgue de Mitry devint l'orgue de Richelieu.
Mais aucune archive ne vient attester le mécénat; bien au contraire, tous les comptes de la Fabrique que l'on peut encore consulter aujourd'hui dans les archives paroissiales montrent que l'instrument a été payé par la paroisse, qui d'ailleurs jouissait au XVIIe siècle de ressources importantes. De plus, Richelieu avait quitté Mitry six ans avant la mise en chantier de l'instrument, et donc cinq ans avant sa commande, puisqu'il avait cédé sa propriété de Bois-le-Vicomte aux Orléans en 1635. Peut-être y eut-il un don antérieur mais les documents disponibles ne le mentionnent pas. Au moment de la restauration de 1981, le facteur a retrouvé, sur le cartouche du positif, la trace des trois fleurs de lys, cartouche qui était surmonté jusqu'à la Révolution d'une couronne royale. Alors ? Don de Richelieu ou plus simplement effort de la Fabrique ?
En 1641, les frères de Héman se mirent donc au travail, mais rapidement, la Fabrique tomba en désaccord avec le sculpteur au sujet des comptes. Il y eut procès au Châtelet et interruption des travaux. L'affaire traîna en longueur. En définitive, la Fabrique perdit son procès en 1646 et dut payer Germain Pilon. Le chantier pouvait reprendre mais Pilon refusa et la continuation du buffet fut confiée à Guillaume Véniat, ébéniste du Roi. Entre temps, l'un des frères de Héman étant décédé, l'achèvement de l'instrument fut assuré en 1651 par Desenclos et Lefèvre. L'orgue était somptueux : il possédait, au grand buffet, des volets de toiles peintes comme l'attestent encore de nos jours les gonds toujours en place et les archives mentionnant leur installation. Le buffet était, au moins en partie, polychrome car des traces de cette polychromie ont été retrouvées au moment de la restauration.
Dès son parachèvement, l'instrument fut entretenu très régulièrement. On relève, au XVIIe siècle, les noms de Desrues et François Ducastel puis, au XVIIIe siècle, ceux de François Deslandes et Louis-Alexandre Cliquot dès 1728.
En 1750, Louis-Alexandre Cliquot entreprend une importante restauration. Il agrandit l'instrument en le portant à 4 claviers et en faisant passer la composition de 24 jeux à plus de 30 jeux. Puis l'orgue fut toujours régulièrement entretenu. À la Révolution, le buffet fut mutilé : la couronne royale sciée et les fleurs de lys supprimées. Quant aux volets, ils ont pu disparaître plus tôt. Au lendemain de la tourmente révolutionnaire, une nouvelle restauration fut entreprise par Dallery en 1813, l'intégrité de l'orgue classique était encore préservée.
En 1876, de grands travaux furent menés conjointement sur l'église et sur l'instrument. Le porche, en avant du grand portail, fut démoli et la soufflerie cunéiforme qui y était logée, supprimée. Joseph Merklin restaure l'orgue dans l'esprit de son temps. Il modifie l'alimentation et bouleverse la composition mais le manque d'argent limite les changements et ainsi, sauve l'instrument. Les travaux, prévoyant une refonte totale de l'orgue, ne purent voir le jour. Grâce à cela, ce témoin exceptionnel de la facture classique nous est parvenu avec plus de 60% de son matériel ancien; cinq jeux sont encore du XVIIe siècle, seize sont du XVIIIe et treize jeux ont été reconstitués selon les données anciennes.
La restauration de 1981 avait pour objectif la conservation scrupuleuse de l'instrument mais aussi la recherche de l'authenticité historique concernant les connaissances et des possibilités qui étaient disponibles au moment de la construction.
Tous ces travaux de restauration ont été conduits par le facteur Théo Haerpfer. Telle qu'elle a été réalisée, cette restauration a eu pour effet une parfaite remise en état de l'instrument tel que celui-ci nous a été légué par les siècles successifs sans altération nouvelle. La conservation a été assurée.
Jean-Paul Gipon
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Mitry and Mory, originally separated villages, are probably from the Gallo-Roman era, their names derived from "Mintriacum" and "Mauracum" (Mintrius and Maurius domains) seem to support this theory.
From the 12th and 13th centuries, Mitry was equipped - probably by the count de Dammartin - with an infirmary at the village exit and an Hôtel-Dieu hospital in the village centre. In 1695, Louis XIV rounds up their properties and incomes to set up an hospital and, in 1698, Bossuet himself came to install two sisters of Charity to take charge of the sick and to teach to poor little girls. They will run the girls school until 1904. In the 19th century, this hospital will become a charity.
In 1652, when the duke of Lorraine's mercenaries clamped down in the region, villagers took refuge in Bois-le-Vicomte castle. It is also in Bois-le-Vicomte that the calvinist pastors came to preach when it was ruled by the Hervart family. Vandalized by invasions in 1814 and 1815, the castle was demolished. Mitry-Mory was officially established in 1839 when both villages are merged.
The church
Located on the site of the actual church, there was a chapel dating from the Middle Ages. Having become dilapidated, it was, in the 16th and 17th centuries, partly rebuilt, in mi-Renaissance and mi-Gothic style, and later enlarged; the nave dates from 1515 and the chancel from 1534. On the west facade, remains of sculpted elements date probably from the 13th century. The massive tower, which flanks the building, is built, in 1622, under Louis XIII. Its octagonal steeple rises up to 40 metres. Its chevet is a flat wall against which lean, on either side of the chancel, frontal chapels. On either side of the nave, flying buttresses overhang the roofs of the lateral naves. During the Renaissance period, at each end of the building there was an additional nave, decorated in the current fashion.
Inside, the church has one high central nave and two side aisles lit by large ogival bays. The last restoration, which begun in 1973, has as objective to preserve the the building's old sections.
The building is classified as "Historical Monument" since June 18th, 1973.
The Organ
The old church, itself classified as an "Historical Monument", had to have an organ long before 1640, since there are traces of wages paid to the organist in 1637. But in 1640, the Churchwarden decided to order a large instrument to be installed on a gallery against the west wall of the church. Organbuilders Louis and Jehan de Héman, the most skilful of their time, were entrusted with the order. Sculptures on the organcase were entrusted to the famed Germain Pilon. At that time, the instrument had 24 stops over three manuals and pedal. The presence of such an important organ in a small village has, for a long time, led to think of a patron of the arts. Cardinal Richelieu having been the famed owner of Bois-le-Vicomte castle in Mitry-en-France, the connection was made and the legend was born: the organ in Mitry became Richelieu's organ.
But no archive can certify the patronage; on the contrary, all the accounting books, which can even be consulted today in parish archives, show that the instrument was paid by the parish who, in the 17th century, enjoyed important financial resources. Furthermore, Richelieu had left Mitry six years before the construction of the instrument, and therefore five years before the order was attributed, since he had soldc Bois-le-Vicomte castle in 1635 to the Orléans family. Perhaps there was a previous donation but available documents do not mention it. During the 1981 restoration works, organbuilders found, on the positif's cartouche, traces of three fleurs-de-lys, a cartouche which was topped, until the Revolution, by a royal crown. Then? A gift from Richelieu or more simply, an effort by the Churchwardens?
In 1641, de Héman bothers got down to work, but quickly, the Churchwardens have disagreements with the sculptor about billings. There was a trial in Châtelet and works are interrupted. The dispute dragged on. Finally, in 1646, the Churchwardens lost and had to pay Germain Pilon. The construction site could resume but Pilon refused to pursue his work which was then entrusted to Guillaume Véniat, the King's cabinetmaker. In the meantime, one of de Héman brothers died, the completion of the instrument was entrusted, in 1651, to Desenclos and Lefèvre. The organ was sumptuous: on the main case, it had shutters with paintings as certified by hinges still in place and by archives mentioning their installation. The organcase was, at least partly, polychromed because traces were found at restoration time.
After its completion, the instrument was maintained on a very regular basis. In the 17th century, the names of Desrues and François Ducastel are found then, in the 18th century, the names of François Deslandes and Louis-Alexander Cliquot staring in 1728.
In 1750, Louis-Alexander Cliquot executes an important restoration. He enlarged the instrument by adding a fourth manual and six stops to bring the total of stops to 30. Then, the organ was always maintained regularly. During the Revolution, the organcase was mutilated: the royal crown is sawed off and the fleurs-de-lys are removed. As for the shutters, they could have been removed earlier. After the Revolution, a new restoration is carried out by Dallery in 1813, the integrity of the classical organ is still preserved.
In 1876, important works were jointly exécutés on the church and on the instrument. The porch, ahead of the large portal, was demolished and the cunéiforme blower which was housed in it, removed. Joseph Merklin restores the organ in the current fashion. He modified the wind system and drastically changes the tonal structure but the lack of financial resources put an end to the change, thus saving the instrument. Works concerning a complete overhaul of the organ could not take place. Therefor, this special example of the classic organ building era has reached us with more than 60% of its old elements; five stops come from the 17th century, sixteen are from the 18th and thirteen stops were reconstructed according to the old data.
The 1981 restoration had, as objective, the meticulous preservation of the instrument and the research of historical authenticity concerning the knowledge and possibilities available at the time of its construction.
All these restoration works were carried out by organbuilder Théo Haerpfer. As a result, the instrument is back into the perfect condition anda without new modification as it was bequeathed to us by preceeding centuries. Preservation was maintained.
Jean-Paul Gipon
I. Positif |
II. Grand-Orgue |
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1Montre | 8' | 1Montre | 8' | |
1Bourdon | 8' | 1Bourdon | 8' | |
1Prestant | 4' | Flûte (dessus/treble) | 8' | |
1Nasard | 2 2/3' | 1Prestant | 4' | |
Doublette | 2' | Flûte d'allemand | 4' | |
Tierce | 1 3/5' | Nasard | 2 2/3' | |
Larigot | 1 1/3' | Doublette | 2' | |
Plein Jeu | V | Quarte de nasard | 2' | |
1Trompette | 8' | 1Tierce | 1 3/5' | |
1Cromorne | 8' | 1Grand Cornet | V | |
Fourniture | IV | |||
Cymbale | III | |||
Trompette | 8' | |||
1Voix humaine | 8' | |||
1Clairon | 4' |
III. Récit |
IV. Écho |
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1Bourdon | 8' | 1Bourdon | 8' | |
1Cornet | V | 1Cromorne | 8' | |
1Hautbois | 8' |
Pédale |
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Flûte | 8' |
Flûte | 4' |
Trompette | 8' |
Clairon | 4' |
1 | Jeu ancien / Old stop |