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L'Épine 1758 / Cavaillé-Coll 1853, 1892 / Birouste 1996
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Au début du XIVe siècle, la ville enserrée depuis peu dans son enceinte fortifiée n'avait pas encore d'église paroissiale intra muros, l'église Saint-Pierre, sise hors les murs, servant toujours d'unique lieu de culte. Vers 1314, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem cèdent aux habitants l'église romane fortifiée élevée par le Temple à l'extrémité occidentale de la commanderie et font construire, dans leur enceinte, une nouvelle chapelle. La cession est faite à double condition que les titulaires soient les saints Jean-Baptiste et Jean-l'Évangéliste et que le Prieur rendit hommage au commandeur. L'édifice reçoit dès 1317, un clocher à trois étages couvert d'une terrasse à parapet crénelé. Il est agrandi en 1519 avec un nouveau choeur, des collatéraux et six chapelles. L'écroulement du clocher, le 30 janvier 1733, entraîne la reconstruction complète de l'église paroissiale devenue collégiale en 1600. Le premier projet (1734), par l'ingénieur militaire Pontmartin, prévoit le maintien des structures réutilisables. La même année, l'architecte Jean Giral, de Montpellier, dresse deux dessins dont le second sera repris dans ses grandes lignes par l'architecte Jean-Baptiste Franque, d'Avignon. Les travaux commencés en 1739 sous la direction de Jean-Antoine Giral, architecte d'exécution, avec le concours de Jacques Cavalier, sont reçus en 1746.
L'édifice
L'architecte Franque modifie à peine le projet de Jean Giral et dote l'édifice d'un triple vaisseau de trois travées et d'une abside semi-circulaire couverte d'un cul-de-four nervé, inscrite dans un chevet plat et flanquée de deux absidioles rectangulaires. Une coupole couvre la croisée du transept dont les bras, comme le vaisseau central, ont reçu des voûtes d'arêtes; les bas-côtés sont coiffés de coupoles. La façade est à deux niveaux. Le portail s'ouvre entre des pilastres toscans et les portes latérales sont surmontées d'une fenêtre à fronton. Au niveau supérieur, sous le fronton relié par deux ailerons à la partie basse, deux groupes de deux pilastres ioniques encadrent la fenêtre centrale. Le clocher carré se termine par un campanile de fer forgé mis en place en 1746. La nouvelle collégiale, dans sa composition classique, d'une parfaite clarté, témoigne de maints emprunts à l'oeuvre de Franque : éclatante maîtrise de la stéréotomie, vides savamment ménagés dans l'épaisseur des maçonneries, inscription d'espaces courbes dans des volumes rectangulaires, nervures plates du cul-de-four de l'abside, chevet plat.
En 1743, l'architecte Jean-Baptiste Franque conçoit la décoration en marbres polychromes qui sera réalisée entre 1746 et 1754. On peut notamment en apprécier la finesse dans la chapelle nord dédiée à la Vierge. La statue qui s’y trouve serait l’œuvre de Guillaume Coustou et date du XVIIIe siècle. Parmi le mobilier de l’église, des tableaux du début du XVIIIe siècle, représentant la vie de Jésus, qui proviennent de l’ancienne chapelle des pénitents noirs devenu théâtre en 1804. S’y ajoutent un tableau de la Sainte Famille (vers 1650), des stalles (1781) et une clôture de chœur en fer forgé datée de 1827. Les sacristies abritent une exposition permanente d’art sacré, et un trésor de pièces d’orfèvrerie, provenant des églises de Pézenas, a été aménagé dans l’ancienne salle de délibération du conseil de fabrique.
L'édifice est classifié « Monument historique » depuis le 1er avril 1935.
L'orgue
L'orgue, commandée par le maire et par les consuls de la ville en 1756, fut confié au facteur Jean-François L'Épine (1732-1817) qui, pour cette raison s'installa à Pézenas où il se maria en 1759. On avait demandé, à l'ingénieur géographe Vidal, un devis qui fut examiné par le facteur Renault, de Paris. L'instrument est un peu écrasé contre la voûte. Dans une lettre du 23 septembre 1754, L'Épine signale que dom Bedos avait demandé que la tribune trop haute fut reconstruite plus bas : éternel conflit entre les facteurs et les architectes.
S'inspirant du buffet de l'église Saint-Roch, de Paris (1751), Vidal conçoit un buffet d'une extrême élégance. Il fut construit par Provençal (probablement Louis Courdeau) tandis que les frères Mortreuil, de Toulouse, réalisent les ornements. Dès l'origine, l'orgue est recouvert "d'un fonds de grisaille tirant sur le bleu céleste fait au vernis préparé au carabé, les principales moulures, encadrements et généralement toute la sculpture dorés suivant le meilleur ton et la plus belle dorure... conforme aux beaux ouvrages de ce genre qui viennent de Paris". L'instrument possède 41 jeux et 53 rangs répartis sur quatre claviers manuels (Grand-Orgue et Positif de 50 notes, Récit de 27 notes, Écho de 32 notes et pédalier de 27 notes.
Au début du XIXe siècle, l'instrument est remanié par Jean-François L'Épine. Le 15 juin 1852, Aristide Cavaillé-Coll soumet trois devis : le premier concernant l'état actuel des jeux et les réparations urgentes à effectuer, le deuxième concerne les travaux nécessaires pour regénérer la disposition actuelle de l'orgue, et enfin un troisième concernant les travaux complémentaires et de perfectionnement, le tout au coût de 16 500 francs. Il obtient le contrat et il entreprend une importante restauration en y incorporant son style. Il supprime les claviers de Récit et d'Écho et installe un Récit complet expressif de 8 jeux. Au Grand-Orgue, il supprime les deux Tierces, un Nazard, la Quarte, la Musette et la Voix humaine et les remplace par une Flûte harmonique, des Gambes en 8' et 4', et une Bombarde 16'. Au Positif, il remplace Tierce, Larigot, Doublette, et Cymbale par Salicional, Flûte octaviante et Octavin. À la Pédale, il ajoute des fonds et anches de 16'. L'instrument reçoit une nouvelle console de trois claviers (Grand-Orgue et Positif de 54 notes, Récit de 42 notes, et pédalier de 25 notes), les sommiers sont restructurés, la soufflerie rénovée et renforcée. L'orgue comporte alors 38 jeux, 49 rangs, 10 pédales de combinaisons et est inauguré le 18 juillet 1853.
Aristide Cavaillé-Coll intervient à nouveau sur l'instrument en 1892-1893.
Dans les années 1960, une totale transformation de l'instrument est entreprise dans une perspective néoclassique par le facteur Maurice Puget qui ajoute deux jeux additionnels au Récit. Lors d'une opération de nettoyage, en 1969, les Établissements Gonzales remplacent l'Euphone 16' par une Bombarde 16' et fournissent un Plein-Jeu III et une Tierce en remplacement de tuyaux défectueux. De ces deux interventions, l’orgue en ressortira défiguré et son caractère hybride ne donnera satisfaction dans l'exécution d'aucun répertoire.
Restauration
La restauration confiée à Daniel Birouste sous la maîtrise d'oeuvre de Jean-Pierre Decavèle, technicien conseil pour les orgues historiques au Département des Monuments Historiques, et qui s'échelonnera de 1990 à 1996, avait pour objet de reconstituer très fidèlement l’orgue disparu d’Aristide Cavaillé-Coll.
Au cours de l’inventaire de la tuyauterie, le matériel s’est révélé extraordinairement bouleversé, sans doute en raison d’un morcellement des interventions constituant la précédente campagne de transformation de cet orgue. C’est donc à un véritable jeu de piste qu’il a fallu se livrer afin de reconstituer la tuyauterie dans sa disposition Cavaillé-Coll.
It was necessary to completely reconstruct both 16' Bombarde stops, to restore harmonic and octaviant stops in their original length, to reconstruct gambed stops which had been copiously cut. Windchests were entirely restored. All bellows were entirely reskinned and the Barker machine completely renovated. The console, who frame had warped, was rebuilt in its original perpendicularity and all mechanical parts were cleaned, re-trimmed and adjusted.
Après le remontage, toute l’harmonisation a été effectuée sur place en procédant avec beaucoup de prudence par approximations successives. Le résultat séduit tous ceux qui le jouent par la cohérence subtile d’une harmonisation qui se développe avec une parfaite précision à travers tout l’édifice.
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Early in the 14th century, the city tightly fitted within its fortified walls did not have an intra muros parish church, St Pierre church, located outside the fortified walls, was always the single place of worship. By 1314, the Hospitallers of St John of Jerusalem donate to the residents its fortified Romanesque church erected by the Temple in the western section of the commandery and a new chapel is built within their compound. The donation is conditional to the fact that the church must remained dedicated to both St John the Baptist and St John the Evangelist and the Prior must pay tribute to the donor. From 1317, a three-floor bell tower is topped by a terrace with a crenellated parapet. In 1519, the building is enlarged to include a new chancel, side-aisles and six chapels. The collapse of the bell tower, on January 30th, 1733, leads to the full reconstruction of the parish church now a collegiate church since 1600. The first project (1734), by military engineer Pontmartin, calls for the reuse of salvagable structures. The same year, architect Jean Giral, of Montpellier, submits two proposals, the second of which is largely used by architect Jean-Baptiste Franque, of Avignon. Works, begun in 1739 under the supervision of Jean-Antoine Giral, a construction architect, with the help of Jacques Cavalier, are completed in 1746.
The Building
Architect Franque slightly changes Jean Giral's plans and the building receives a three-bay triple naves and a semicircular apse covered with a ribbed cul-de-four, enclosed in a flat chevet and flanked by two rectangular apsidioles. A dome covers the transept crossing whose arms, as for the central nave, support the ribbed vault; side-aisles are topped by domes. The facade has two levels. The portal opens between Tuscan pilasters and the lateral doors are topped by a window with pediment. At the upper level, under the pediment linked up by two wings to the lower level, two groups of two Ionic pilasters frame the central window. The square bell tower ends with a forged iron campanile erected in 1746. The new collegiate church, in its classic design and perfect clearness, attests many borrowings from Franque's other works: spectacular stereotomy mastery, empty spaces carefully managed within the thickness of stone walls, design of curved areas within rectangular volumes, flat ribs for the apse's cul-de-four, flat chevet.
In 1743, architect Jean-Baptiste Franque designs the church's polychromed marble decoration which will be executed between 1746 and 1754. The north Lady chapel is worthy for its delicate ornementation and its Lady statue could be the work of Guillaume Coustou and dating from the 18th century. Among the church furniture, paintings, from the beginning of the 18th century, representing scenes from the life of Jesus come from the former Black Penitents' chapel now a theatre since 1804. To these, there are stalls from 1781, a forged iron chancel gate dated from 1827 and a Holy Family painting from circa 1650. The sacristies house a sacred art permanent exhibition while a treasure of silver pieces, coming from Pézenas churches, is displayed in the former Churchwarden meeting room.The building is classified as an "Historical Monument" since April 1st, 1935.
The Organ
The organ, ordered by the mayor and by the city consuls in 1756, was entrusted to organbuilder Jean-François L'Épine (1732-1817) who, for this reason moved to Pézenas where he got married in 1759. Engineer geographer Vidal was asked to submit a proposal which was examined by organbuilder Renault, of Paris. The instrument is a little bit squeezed under the vault. In a letter dated September 23rd, 1754, L'Épine mentions that dom Bedos asked that the gallery be rebuilt lower: endless conflict between organbuilders and architects.
Based on the organcase in St Roch church, in Paris (1751), Vidal designed a extremely elegant organcase. It was built by Provençal (probably Louis Courdeau) while the Mortreuil brothers, of Toulouse, executed the ornaments. Originally, the organ is covered with a varnish "in a grisalle background bordering on sky blue while the main mouldings, frames and all gilded sculptures according to the best shade and the nicest gilding... identical to the nicest works of this type coming from Paris". The instrument has 41 stops and 53 ranks over four-manual keyboards (50-note Grand-Orgue and Positif, 27-note Récit, 32-note Echo) and 27-note pedalboard.
Early in the 19th century, the instrument is altered by Jean-François L'Épine. On June 15th, 1852, Aristide Cavaillé-Coll submits three reports: the first one about the actual situation and the urgent repairs to be executed, the second one about the necessary works to regenerate the actual organ disposition, and finally, a third one about the additional improvement works, all for the sum of 16,500 francs. He is entrusted with the contract and he undertakes an important restoration while introducing his style. He removes the Récit and Écho manuals and installs an 8-stop enclosed Récit. In the Grand-Orgue division, he replaces both Tierces, a Nazard, the Quarte, the Musette and the Voix humaine by a Flûte harmonique, 8' and 4' Gambes, and a 16' Bombarde. In the Positif division, he replaces the Tierce, Larigot, Doublette, and Cymbale by a Salicional, a Flûte octaviante and an Octavin. In the Pedal division, he adds 16' fondations and reeds. A new three-manual console (54-note Grand-Orgue and Positif, 42-note Récit, 25-note Pedal)is installed, windchests are restructured, thewind system is renovated and reinforced. The organ now has 38 stops, 49 ranks, 10 combination pedals and is inaugurated on July 18th, 1853.
Once again, in 1892-1893, Aristide Cavaillé-Coll intervenes on the instrument.
In the 1960s, a complete transformation of the instrument is undertaken in the neoclassical perspective by organbuilder Maurice Puget while adding two more stops in the Récit division. During a cleaning operation, in 1969, the Gonzales organbuilding firm replaces the 16' Euphone with a 16' Bombarde and provides a Plein-Jeu III and a Tierce in return for faulty pipework. With these two interventions, the organ will come out distorted and its hybrid character will give no satisfaction in the performance of any repertoire.
Restoration
The restoration entrusted to Daniel Birouste under the supervision of Jean-Pierre Decavèle, technician-consultant for historical organs in the Historical Monuments Department, and which will stretch from 1990 till 1996, had as objective the very faithfully reconstruction of the organ as it was after the interventions of Aristide Cavaillé-Coll.
During the pipework inventory, material turned out to be very upside down, probably due to a multiple mixed interventions in the last series of modifications. It was a real lead game trying to put the pipework back into Cavaillé-Coll's disposition.
It was necessary to completely rebuild both 16' Bombarde stops, to restore harmonic and overblown stops back to their original length, to reconstruct gamba stops which had been copiously cut. Windchests were entirely restored. All bellows were entirely releathered and the Barker machine completely renovated. The console, whose frame had warped, was rebuilt in its original perpendicularity and all mechanical parts were cleaned, re-trimmed and adjusted.
After reassembly, all voicing was performed on location with a lot of caution going through successive approximations. The results appeal to all those who play the instrument for its subtle voicing coherence which develops into a perfect precision all across the building.
I. Positif |
II. Grand-Orgue |
|||
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Montre | 8' | Montre | 16' | |
Bourdon | 8' | Bourdon | 16' | |
Prestant | 4' | Montre | 8' | |
Flûte octaviante | 4' | Bourdon | 8' | |
Salicional | 4' | Flûte harmonique | 8' | |
Nazard | 2 2/3' | Viole de gambe | 8' | |
Octavin | 2' | Prestant | 4' | |
Plein Jeu | III | Dulciane | 4' | |
Trompette | 8' | Nazard | 2 2/3' | |
Cromorne | 8' | Doublette | 2' | |
Fourniture | V | |||
Cymbale | III | |||
Grand Cornet | V | |||
Bombarde | 16' | |||
Trompette | 8' | |||
Clairon | 4' |
III. Récit |
Pédale |
|||
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Flûte harmonique | 8' | Soubasse | 16' | |
Viole d'amour | 8' | Flûte | 8' | |
Voix céleste | 8' | Bombarde | 16' | |
Flûte octaviante | 4' | Trompette | 8' | |
Octavin | 2' | |||
Trompette | 8' | |||
Voix humaine | 8' | |||
Tremolo |