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Selon la légende, l'église Notre-Dame-du-Taur est édifiée à l'endroit exact où le corps de saint Saturnin s'est détaché du taureau qui le traînait derrière lui. Le Taur désigne le taureau qui devait être sacrifié, mais auquel finalement les autorités romaines de l'époque attachèrent l'évêque Saturnin et qui le traîna depuis le Temple capitolin (à l'emplacement de la place Esquirol) vers le nord de la ville au-delà des remparts de la ville (où est aujourd'hui la place du Capitole). L'église est située dans la rue du Taur entre la place du Capitole et la basilique Saint-Sernin. Cette église fait l'objet d'un classement au titre des « monuments historiques » par la liste de 1840.
Historique
Saint Saturnin était le premier évêque de Toulouse, martyrisé en 250, sous le consulat de Décius et Gratius. Attaché par les pieds aux flancs d'un taureau furieux, il fut traîné et déchiqueté. Aussitôt, de saintes femmes inhumèrent sa dépouille aux portes de Toulouse, à l'endroit exact où le corps de saint Saturnin s'était détaché du taureau qui le traînait derrière lui.
Un oratoire a tout d'abord été installé, par Saint Hilaire, troisième évêque de Toulouse, pour les pèlerins sur le lieu exact de sa mort. L'édifice était construit avec des matériaux ordinaires et comportait une voûte en briques. Une ancienne tradition indique que cet oratoire se situait à l'emplacement actuel de l'église. Cependant, des fouilles archéologiques réalisées dans le sanctuaire de l'église en 1969-1970 n'ont pas permis de mettre au jour la moindre construction d'époque paléochrétienne. On ne peut donc localiser précisément ni le premier emplacement de la tombe, ni celui du monument élevé par saint Hilaire. En revanche il est possible que l'église se situe sur l'emplacement où le corps de Saturnin fut lâché par le fatidique taureau furieux.
Les reliques du saint y ont été gardées jusqu'en 402, date à laquelle elles ont été transférées en grande pompe à la basilique Saint-Sernin, qui porte le nom altéré de Saint-Saturnin. Malgré les 150 ans du corps, la légende raconte que les gens ont noté de « doux effluves » émanant des restes de saint Saturnin. Selon Rome, c'est un des traits caractéristiques d'un saint.
L'oratoire s'appelait, jusqu'au XIe siècle, « église du Taur », sans doute car elle se trouvait dans le secteur qui conservait la mémoire de la course du taureau lié à Saint Saturnin. Au XIIe siècle, elle est nommée « Saint-Sernin-du-Taur ».
L'église actuelle, construite en plusieurs étapes à la fin du XIIIe siècle et au cours des XVIe et XVe, s'inscrit parfaitement dans la tradition gothique méridionale.
En 1783, lors de la destruction de la porte du rempart Villeneuve (vers l'actuelle place Victor-Hugo), la statue de la Vierge Marie, surnommée Notre-Dame-du-Rempart, qui s'y trouvait a été déplacée et conservée dans l'église qui prit alors le vocable de « Notre-Dame-du-Taur ».
L'extérieur
L'extérieur de cette église est très impressionnant. Enchâssée dans l'alignement des maisons, la façade, donnant sur la rue du Taur et datant des XIVe et XVIe siècles, est un grand mur de briques qui fait penser à une forteresse, et masque entièrement le reste de l'édifice. Le clocher-mur à créneaux et mâchicoulis, modèle pour les clochers-murs de la région, présente des baies campanaires surmontées d'arcs en mitre et abrite un carillon de 13 cloches.
Le portail de pierre comporte six archivoltes et des colonnes ornées de chapiteaux à feuillage. L'intérieur du haut gable triangulaire est orné d'une statue de la Vierge du XVIIIe siècle. De part et d'autre, dans les niches, deux moulages ont remplacé les anciennes statues du XVIe siècle (un apôtre et saint François d'Assise).
L'intérieur
Le chœur est composé d'une petite chapelle centrale à chevet plat et de deux absides à pans coupés de part et d'autre. Les grilles en fer forgé de la clôture de sanctuaire datent de 1778.
Au-dessus de l'autel central, une peinture de Bernard Bénézet (1835-1897), datant du XIXe siècle, représente le martyre de saint Saturnin. L'église conserve aussi, du même artiste et datant de la même époque, une peinture représentant la mort de saint Joseph.
La chapelle centrale conserve la statue de Notre-Dame-du-Rempart ou de la délivrance ou du bon secours, du XVIe siècle, entrée dans l'église en 1783.
Des vestiges d'une généalogie de Jacob en 38 figures disposée sur deux registres et datant du XIVe siècle sont présents sur le mur sud de la nef. Cette peinture très effacée fut découverte en 1872 lorsque les boiseries ornant les parois ont été retirées.
Une sculpture de taureau est présente dans la partie la plus ancienne de l'église et rappelle le martyr de Saturnin.
Les orgues
L'orgue de tribune
À la Révolution, l'église possède un orgue, un petit huit pieds, de 23 jeux répartis sur deux claviers de 50 notes et pédale de 13 notes.
Dans son rapport sur les orgues de Toulouse, en 1796, le facteur Jean-Baptiste Micot juge cet instrument comme étant « de la plus mauvaise harmonie et indigne de figurer parmi les orgues qui méritent d'être conservées tant par la beauté des buffets, exécution de leur sculpture que par leur bonne qualité d'harmonie ».
D'importants travaux réalisés en 1840 et une reconstruction complète exécutée en 1860 n'améliorent guère les choses.
En 1875, l'orgue est à nouveau à bout de souffle. Les abbés Montagné, Gaussail puis Delpech voient à sa reconstruction, rappelant que « dans un intervalle de 40 ans à peine l'orgue actuel est le troisième que la fabrique a eu à faire construire et en exprimant le souhait, vu les précautions qui ont été prises, que cette fois, l'on n'y reviendra pas avant longtemps! »
Après avoir consulté tous les organistes de la ville, ils approuvent le devis présenté par la maison Puget et Fils, le 24 novembre 1875.
Eugène Puget, second directeur de la manufacture, produit un orgue véritablement inouï qui sera inauguré par Alexandre Guilmant lors des deux séances les 17 et 18 juin 1880.
L'orgue est disposé en trois buffets qui encadrent les deux fenêtres du fond de l'église. Les façades présentent 159 tuyaux (seulement deux sont des chanoines) qui, placés sur une seule ligne, comme dans les orgues ordinaires, formeraient une façade de 21 mètres (69 pieds) de largeur.
L'instrument possède 40 jeux répartis sur trois claviers de 56 notes et un pédalier de 30 touches placés dans une console séparée. Les transmissions, actionnées par cinq machines Barker, portent leur mouvement à une distance de 14 mètres (46 pieds) pour les plus longues d'entre elles et actionnent près de 800 soupapes.
Les deux boîtes expressives du Positif et du Récit et leur remarquable efficacité impressionnent particulièrement les membres de la commission de réception. Ces boîtes, actionnées par des pédales à bascule, sont les premières du genre à Toulouse. Celles-ci, d'égale importance, confèrent à ces deux plans un rôle de soliste, tout en offrant toutes les possibilités de dialogues, d'oppositions, ou d'accompagnements, le grand-orgue assumant dès lors la fonction de clavier de tutti.
Dix-sept pédales de combinaison permettent à l'organiste de multiplier ses effets à l'infini. Leur disposition, graduée selon le degré de sonorité, lui donne toute facilité pour arriver du timbre le plus faible au plus éclatant fortissimo.
Cet orgue devint l'archétype des réalisations d'Eugène Puget et servira dès lors de modèle à de nombreux autres instruments, dont l'église Saint-Sulcran de Lodève, l'église Saint-Amans de Rodez, l'église Notre-Dame-des-Tables de Montpellier, l'église Saint-Aphrodise de Béziers et l'église Notre-Dame-la-Dalbade de Toulouse.
Au plan sonore, l'instrument romp également avec les habitudes, l'harmonie des fonds est généreuse et sombre, celle des anches de grand choeur d'une puissance et d'une rondeur hors du commun, les timbres de détail sont raffinés, les flûtes, toutes pavillonnées, d'une exquise rondeur.
À son inauguration, l'instrument apparaît comme le plus novateur et le plus riche des orgues non seulement de Toulouse, mais aussi de tout le Sud de la France. Aucun autre instrument, pas même de Cavaillé-Coll, n'y atteignait un tel degré de perfection en termes de mécanisme, de maniabilité, et de raffinement dans la facture.
En 1939, Maurice Puget, neveu d'Eugène et dernier directeur de la manufacture, modifie la composition du Positif : les rangs du Cornet progressif II-V rangs sont séparés pour obtenir un cornet décomposé. Ils prennent la place d'un Kéraulophone 8', d'une Dulciana 4', et d'une Doublette 2'. L'Unda maris 8' laisse sa place à un Picolo 1' neuf.
Classé « monument historique » pour sa partie instrumentale le 25 septembre 1987, il est aujourd'hui l'un des plus remarquables témoins de la facture d'Eugène Puget. Il n'a pas encore subi de restauration majeure.
L'orgue de choeur
L'orgue de chœur a été construit en 1875 par la Maison Théodore Puget, Père & Fils, sous la direction de Théodore Puget. Cet instrument est l'archétype des orgues de chœur de 6 jeux livrés par la Maison Puget.
En 1939, Maurice Puget installe un ventilateur électrique lors des travaux effectués au grand orgue.
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According to the legend, the Notre-Dame-Du-Taur church is built in the exact location where St. Saturnin's body broke loose from the bull dragging him behind. Taur means the bull which was supposed to be sacrificed, but to whom the Roman authorities of the time tied bishop Saturnin. The bull dragged Saturnin from the capitolin Temple (now Esquirol Square) to the north of the city beyond the city remparts (now the Capitole Square). The church is located on Taur street between Capitole Square and St. Sernin basilica. This church was classified as "historic monument" in the 1840 list.
History
St. Saturnin was Toulouse's first bishop. His martyrdom occured in 250 under the Decius and Gratius consulate. Tied by his feet to the sides of an angry bull, he was dragged and shredded. Immediately, holy women buried his body near Toulouse walls, in the exact location where St. Saturnin's body had broken loose from the bull.
An oratory was first built, by St. Hilaire, Toulouse's third bishop, for the pilgrims on the exact location of Saturnin's death. The building was erected using ordinary materials and was topped by a brick vault. An ancient tradition points out that this oratory was on the exact same location of the actual church. However, archeological investigations carried out in the church sanctuary in 1969-1970 did not permit to uncover remains from the early Christian era building. Therefore, it was impossible to precisely locate neither the tomb's first site, nor St. Hilaire's building. On the other hand, it is possible that the church is located on the site where St. Saturnin's body was dropped by the fateful angry bull.
St. Saturnin's relics were kept in that oratory until 402, when they were transferred, with great solemnity, in St. Sernin basilica (St. Sernin is a corruption of St. Saturnin). In spite of the body being dead for 150 years, the legend tells that the people noted « soft pleasant smells » from St. Saturnin's remains. According to Rome, this is one of the characteristic traits of a saint.
The oratory was known, until the 11th century, as « Taur church », probably because it was located in the area of the bull run to which St. Saturnin was attached to. In the 12th century, the church was known as « St. Sernin-du-Taur ».
The actual church, built, in several stages, at the end of the 13th century and during the 14th and 15th centuries, is perfectly in the southern gothic tradition.
In 1783, when the Villeneuve rempart door (towards to the actual Victor-Hugo Square) was destroyed, the statue of the Virgin Mary, known as Notre-Dame-du-Rempart, which was above that door, was moved to the church which became known as « Notre-Dame-du-Taur ».
The exterior
The church exterior is very impressive. Set in the alignment of houses, the facade, looking onto Taur street and dating from the 14th and 15th centuries, is a large brick wall similar to a fortress and completely hides the rest of the building. The crenellated and machicolated steeple-wall, a model for the steeple-walls of the region, features campanary bays topped by mitre archways and houses a 13-bell carillon.
The stony portal features six archivolts and columns decorated with capitals and foliage. The interior of the top triangular gable is decorated with a 18th-century statue of the Virgin. On either side, in alcoves, two moldings replace the old 16th-century statues (an apostle and St. Francis of Assisi).
The Interior
The chancel is composed of a small central chapel with a flat end and two cant wall apses on either side. The sanctuary's wrought iron gates date from 1778.
Above the central altar, a painting by Bernard Bénézet (1835-1897), dating from the 19th century, represents St. Saturnin's martyrdom. The church also houses a painting from the same artist and dating from the same era, representing St. Joseph's death.
The central chapel houses the 16th-century statue of Notre-Dame-du-Rempart or of Deliverance or Good Assistance, which was brought in the church in 1783.
Remains of a 14th-century genealogy of Jacob in 38 figures on two registers are present on the south wall of the nave. This very erased painting was discovered in 1872 when woodworks adorning walls were removed.
A sculpture of a bull is present in the most ancient section of the church reminding St. Saturnin's martyrdom.
The Organs
The Gallery Organ
At the Revolution, the church had a small 8-foot organ with 23 stops over two 50-note manuals and a 13-note pedal.
In his report on the organs of Toulouse, in 1796, organbuilder Jean-Baptiste Micot judged the instrument as being « unworthy to appear among the organs which are worth being preserved for the beauty of their organcase, for their sculptures and for the good quality of their tonal structure ».
Major works executed in 1840 and a full reconstruction carried out in 1860 could hardly better the condition.
In 1875, the organ was again at the end of its rope. Fathers Montagné, Gaussail and Delpech saw to its reconstruction, saying that « over the last 40 years, the actual organ is the third one built for the church and they wished that this time, it will last longer! »
After consulting with all the organists of the city, they approved the proposal sumbitted by the Puget et Fils firm, on November 24th, 1875.
Eugene Puget, second firm manager, produced a really prodigious organ which will be inaugurated by Alexandre Guilmant, in two sessions, on June 17th and 18th, 1880.
The organ is set in three organcases which surround both windows of the end of the church. The facades feature 159 pipes (only two are dumb) whom, put on a single line as in usual organs, would form a 21-meter (69-foot) wide facade.
The instrument has 40 stops over three 56-note manuals and a 30-note pedal set in a detached console. Transmissions, operated with five Barker machines, carry their movement up to a 46-foot (14-metre) distance for the farthest of them and operate about 800 valves.
Both the Récit and the Positif are enclosed and their remarkable effectiveness particularly impressed the members of the reception committee. These swell boxes, operated by expression pedals, are the first ones of this type in Toulouse. Both of them are similar and allow each division to play a soloist's role either for dialogues, oppositions, or accompaniments, the Grand-orgue being used for the tutti.
Seventeen combination pedals allow the organist endless possibilities. Their layout, set according to the sound loudness, eases the organist's work to move from the softest sound to the most bright fortissimo.
This organ became Eugene Puget's prototype and, from then on, acted as a model for several other instruments, among which the organs in St. Sulcran church in Lodève, St. Amans church in Rodez, Notre-Dame-des-Tables church in Montpellier, St. Aphrodise church in Béziers and Notre-Dame-la-Dalbade church in Toulouse.
The tonal structure also breaks up with what used to be done, the voicing of the foundations stops is generous and dark while the reeds are powerful and with an outstanding roundness. The solo stops are elegant, and the flutes, all with tuning slots, are of exquisite roundness.
At the time of its inauguration, the instrument was the most innovative and the richest organ not only in Toulouse, but also in all southern France. No other instrument, not even a Cavaillé-Coll, featured such a degree of perfection in terms of transmission, handiness, and refinement in its construction.
In 1939, Maurice Puget, Eugene's nephew and the last firm manager, modified the tonal structure of the Positif: the ranks of the progressive Cornet II-V ranks were separated to produce a divided Cornet. They replaced the Kéraulophone 8', the Dulciana 4', and the Doublette 2'. The Unda maris 8' was replaced by a new Picolo 1'.
Classified as « historic monument » for its tonal structure on September 25th, 1987, this organ is, still today, one of the most remarkable example of Eugene Puget's work. No major restoration has yet taken place.
Chancel Organ
The chancel organ was built in 1875 by the Theodore Puget, Father and Son firm, under the supervision of Theodore Puget. This instrument is the Puget firm's usual 6-stop chancel organ.
In 1939, Maurice Puget installed an electric fan while working on the gallery organ.
I. Positif |
II. Grand-Orgue |
|||
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Flûte d'orchestre | 8' | Montre | 16' | |
Bourdon à cheminée | 8' | Bourdon | 16' | |
Flûte | 4' | Montre | 8' | |
Nazard | 2 2/3' | Bourdon | 8' | |
Doublette | 2' | Flûte harmonique | 8' | |
Tierce | 1 3/5' | Salicional | 8' | |
Picolo | 1' | Prestant | 4' | |
Trompette | 8' | Quinte | 2 2/3' | |
Clarinette à pavillon | 8' | Doublette | 2' | |
Clairon | 4' | Fourniture progressive | III-VIII | |
Tremblant | Bombarde | 16' | ||
Trompete | 8' | |||
Clairon | 4' |
III. Récit |
Pédale |
|||
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Flûte harmonique | 8' | Contrebasse | 16' | |
Bourdon-Quintaton | 8' | Flûte ouverte | 8' | |
Viole de gambe | 8' | Violoncelle | 8' | |
Voix céleste | 8' | Flûte | 4' | |
Flûte octaviante | 4' | Bombarde | 16' | |
Octavin | 2' | Trompette | 8' | |
Trompette harmonique | 8' | Clairon | 4' | |
Basson-Hautbois | 8' | |||
Voix humaine | 8' | |||
Clairon | 4' | |||
Tremblant |
Clavier / Manual |
Pédale |
|||
---|---|---|---|---|
1Flûte | 8' | En tirasse / By pulldown | ||
Bourdon harmonique | 8' | |||
Kéraulophone | 8' | |||
Voix céleste | 8' | |||
1Prestant | 4' | |||
1Trompette | 8' | |||
Tremomlo |
1 | Jeu coupé entre si0 et do1 / Divided stop between b0 and c1 |