Église Sainte-Anne
Turckheim (Haut-Rhin)

Silbermann 1755 / Callinet 1840 / Kern 1983 3 claviers manuels et pédalier / 3 manuals and pedal 37 jeux / stops, 48 rangs / ranks Traction mécanique des claviers et des jeux / Mechanical key and stop action

L'église

La première mention d'un sanctuaire chrétien à Turckheim remonte à l'année 898. L'église paroissiale, primitivement dédiée à la Vierge, est consacrée à sainte Anne à partir du 24 juin 1652. La nef et le choeur furent reconstruits dans un style néo-classique entre 1834 et 1839. C'est un édifice qui présente des caractéristiques de l'art roman (porte en plein cintre, moulures) et de l'art gothique (voûtes d'ogives, arcs brisés à l'intérieur).

Turckheim se trouve sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Historique

Dans un document daté de 898, un certain Hérimont fait don à l'Abbé Engelfried, de l'Abbaye bénédictine de Münster, dans le Val-Saint-Grégoire, de tous ses biens sis à Thuringheim, ainsi que d'une partie de l'église.

Dans la deuxième moitié du XIIe siècle, ce bâtiment assez méconnu est remplacé par une construction romane qui comportait trois autels ornés de sculptures et d'un tabernacle qui ont disparu.

De cette époque ne reste que le clocher dont la partie inférieure peut être datée de 1190. Élevé sur un plan carré, il présente la frise lombarde classique. La partie en moellons de grès rouge taillée d'équerre est ancienne, et la partie crépie est plus récente. Il comprend cinq niveaux : la partie inférieure en grès jaune est percée de baies et d'une porte en plein cintre avec une croix sur le tympan; à partir du troisième niveau, les murs sont en grès rose et le troisième niveau est limité par une frise d'arceaux en plein cintre; le quatrième niveau est percé de baies jumelées en arc brisé avec un oculus orné de perles en relief : cette partie date sans doute du XIIIe siècle; le dernier niveau, du XVe siècle, est percé de baies jumelées avec arcs trilobés. La base comprend la porte d'entrée romane avec la première travée de l'église qui sert actuellement de chapelle baptismale qui, restaurée en 1983, abrite de nombreuses statues de différentes époques. Le clocher abrite quatre cloches et l'ancien mécanisme de l'horloge construit par Jules et Alfred Ungerer en 1907. Le rez-de-chaussée du clocher est restauré en 1985.

La nef, après avoir servi pendant sept siècles, est remplacée entre 1834 et 1839 par une construction d'un style néo-classique par l'architecte Félix Griois et l'entrepreneur Valentin Ruscher, de Sainte-Marie-aux-Mines. Le clocher porche et deux travées du bas-côté sud sont conservés et intégrés dans la nouvelle construction. Quelques traces comme des chapiteaux romans, l'assise de l'ancienne toiture, et quelques restes de croisées d'ogives rappellent l'ancien édifice roman.

En 1661, le clocher est rehaussé après avoir touché par la foudre puis, en 1736, après une tornade, il est réparé et surmonté d'un tonnelet coiffé d'une girouette, le tout couvert d'or.

Le 24 juin 1652, sur injonction du curé, le magistrat décide de prendre sainte Anne comme patronne. Ce choix s'explique par le fait que la fête populaire est célébrée fin juillet et le fait de choisir sainte Anne (26 juillet) rendait à cette fête son caractère religieux primitif.

Le 6 juillet 1978, l'église est complètement détruite par un incendie. Sa reconstruction et restauration sera complétée en 1981.

L'église possède des tableaux signés pour la plupart de Michel Oster datant de 1849. Les vitraux sont de Léon Kempf d'après des dessins de Robert Gall. Les stations du chemin de croix ont été sculptées par Valentin Jaeg en 1955.

Le clocher fait l'objet d'une inscription au titre des « Monuments historiques » depuis le 16 octobre 1930.

L'orgue

Il y avait sûrement un orgue à Turckheim avant 1592. En 1671, il est remplacé par un instrument du facteur Christopher Aebi. En 1726, il est réparé par Franz Joseph Beyer.

À la Révolution, de nombreux orgues, surtout ceux des abbayes et couvents supprimés, deviennent disponibles. Le 3 novembre 1791, l'orgue est acheté comme bien national par la ville à l'Abbaye cistercienne de Pairis, près d'Orbey. C'est un instrument construit en 1755 par Jean-André Silbermann. L'orgue est déménagé par Joachim Henry et est réceptionné le 18 décembre 1791 par l'organiste Joseph Schidler, d'Orbey.

Toutes les interventions sur l'instrument depuis son déménagement jusqu'en 1839 ne sont pas connues.

Lors de la reconstruction de l'église, Joseph Callinet est chargé, en 1839, de l'installation de l'instrument. Selon lui, la Pédale n'est pas d'origine tout comme le Clairon du Grand-Orgue et la tuyauterie a été malmenée par les accordeurs. Il propose l'installation un troisième clavier (un Récit de 42 notes), l'extension des claviers existants à 54 notes, un renforcement de la soufflerie, un changement de quatre sommiers et de la mécanique. Le Récit est placé dans un nouveau buffet à l'arrière. Les travaux, réalisés en 1840, sont plus importants que prévus, mais après explications, ils sont approuvés par le conseil municipal.

Vers 1890, le facteur Joseph-Antoine Berger, de Rouffach, effectue des travaux sur l'instrument. Les tuyaux de façade ne sont pas réquisitionnés en 1917 par les autorités allemandes. En 1953, Ernest Muhleisen ajoute de nouveaux jeux et fait des transformations.

À la suite de l'incendie de l'église, le 6 juillet 1978, l'orgue est grandement endommagé : le Positif de dos est totalement détruit ainsi que le tiers droit du grand buffet. Les tuyaux de métal du Grand-Orgue ont fondu sous l'effet de la chaleur. Le Récit, placé au fond, dans sa boîte heureusement fermée ce jour-là, est épargné. La Pédale est intacte.

Les travaux de reconstruction et de restauration sont confiés à Alfred Kern en 1983. Le Grand-Orgue et le Positif de dos sont recomposés et reconstruits de façon assez fidèle à l'orgue Silbermann/Callinet. Le côté droit buffet d'origine de Silbermann est restauré tandis que le côté gauche et la tourelle centrale sont d'origine. Le culot de la tourelle centrale porte un cartouche dans laquelle on peut lire un extrait du psaume 150 : « Laudate Dominum in chordis et organo; laudate eum in cymbalis bene sonante; laudate eum in cymbalis jubilationis ». Le buffet du Positif de dos est neuf et est une copie de celui de 1755.

Les sommiers à gravures sont neufs. La mécanique est suspendue pour le Positif et le Grand-Orgue et est mécanique à équerres avec vergettes pour le Récit. La console en fenêtre est neuve. Certains jeux proviendraient de l'orgue Saint-Étienne de Reguisheim, orgue diminué de 8 jeux de Claude-Ignace Callinet (1853-1854) lors de sa reconstruction par Alfred Kern en 1982. La soufflerie est assurée par deux soufflets à plis, de forme carrée, superposés et placés sous le Récit.

Il a été inauguré le 12 juin 1983.

L'instrument actuel se compose donc d'un Grand-Orgue de facture Silbermann, d'un Récit de facture Callinet et d'un Positif de dos de facture Kern.

The Church

The first mention of a christian shrine in Turckheim goes back up to 898. The parish church, originally dedicated to the Blessed Virgin, was dedicated to St. Anne on June 24th, 1652. The nave and chancel were rebuilt in a neoclassical style between 1834 and 1839. It is a building with Romanesque art characteristics (semicircular-arched doorway, mouldings) and Gothic art characteristics (ogival vaults, pointed archways inside).

Turckheim is part on the way to St. James.

History

In a document dated from 898, a certain Herimont donated all his properties located in Thuringheim, as well as part of the church, to abbot Engelfried, of the Münster Benedictine Abbey, in Val-Saint-Grégoire.

In the second half of the 12th century, this quite unknown building was replaced with a Romanesque building that included three altars adorned with sculptures and a tabernacle that disappeared.

The bottom section of the bell tower, which can be dated from 1190, remains from that era. Erected on a square plan, it introduces the classical Lombard frieze. The square red sandstone section is ancient, and the roughcast section is more recent. It has five levels: the lower section in yellow sandstone is pierced with openings and a semicircular-arched doorway with a cross on the tympanum; from the third level, walls are in pink sandstone and the third level ends with a round arch frieze; the fourth level is pierced of twin lancet arch openings and an oculus adorned with pearls in relief: this section dates probably from the 13th century; the last level, from the 15th century, is pierced of twin trefoil arched openings. The base section includes the Romanesque front door with the first bay of the church which nowadays acts as a baptismal chapel which, restored in 1983, houses several statues from different eras. The hell tower houses four bells and the old clock mechanism built by Jules and Alfred Ungerer in 1907. The ground floor of the bell tower was restored in 1985.

The nave, after being used for seven centuries, was replaced between 1834 and 1839 by a neoclassical style construction designed by Félix Griois and built by contractor Valentin Ruscher, of Sainte-Marie-aux-Mines. The bell tower porch and two bays on the south side aisle were preserved and included in the new building. The presence of some Romanesque capitals, the base of the old roof, and some cross vaults recall the former Romanesque building.

In 1661, the bell tower was heightened after having been struck by lightning then, in 1736, after a whirlwind, it was repaired and crowned with a golden small barrel structure and a golden weather vane.

On June 24th, 1652, on injunction by the parish priest, the mayor decided to St. Anne would be designated as patron saint. This choice can be explained by the fact that a popular holiday was celebrated at the end of July and by choosing St. Anne as patron saint (her feast day is on July 26th) it would give a religious character to this holiday.

On July 6th, 1978, the church was completely destroyed by fire. Its reconstruction and restoration will be completed in 1981.

The church has paintings mostly from Michel Oster dating from 1849. The stained glass windows are from Léon Kempf based on designs by Robert Gall. The stations of the Way of the Cross were sculpted by Valentin Jaeg in 1955.

The bell tower is classified as an historic monument object since October 16th, 1930.

The Organ

There was certainly an organ in Turckheim before 1592. In 1671, it was replaced with an instrument by organbuilder Christopher Aebi. In 1726, it was repaired by Franz Joseph Beyer.

At the Revolution, numerous organs, especially those from abolished abbeys and convents, became available. On November 3rd, 1791, the organ from the former Cistercian Abbey of Pairis, near Orbey was purchased as a national asset by the city. It was an instrument built in 1755 by Jean-André Silbermann. The organ was moved by Joachim Henry and was received by organist Joseph Schidler, of Orbey, on December 18th, 1791.

All interventions on the instrument since its installation in Turckheim until 1839 are unknown.

When the church was rebuilt, Joseph Callinet was entrusted in 1839 with the installation of the instrument. According to him, the Pedal and the 4' Clairon in the Grand-Orgue were not original and the pipework had been badly handled by the tuners. He offered to install a third manual (a 42-note Récit), to extend the manual compass to 54 notes, to reinforce the blower, to replace the four winchests and the action. The Récit was installed in a new organcase in the back of the instrument. Works, completed in 1840, were more important than planned, but after explanation, they were approved by the town council.

Around 1890, organbuilder Joseph-Antoine Berger, of Rouffach, worked on the instrument. The facade pipework was not requisitioned in 1917 by the German authorities. In 1953, Ernest Muhleisen added new stops and made a few transformations.

In the July 6th, 1978 fire that destroyed the church, the organ was badly damaged: the Positif de dos was completely destroyed as well as a third of the right side of the main organcase. The Grand-Orgue metal pipes melted under the heat. The Récit, located at the rear, in its swell box luckily closed that day, was spared. The Pedal was undamaged.

Reconstruction and restoration works were entrusted to Alfred Kern in 1983. The Grand-Orgue and the Positif were reconstituted and rebuilt in a fairly faithful way of the Silbermann/Callinet organ. The right side of the Silbermann's original organcase was restored while the left side and the central turret are original. The central turret base carries a cartridge in which we can read an extract from the 150th psalm: « Laudate Dominum in chordis and organo; laudate eum in cymbalis bene sonante; laudate eum in cymbalis jubilationis ». The Positif organcase is new and is a copy of the 1755 one.

The slider chests are new. The key action is suspended for the Positif and the Grand-Orgue and is with squares and trackers for the Récit. The attached console is new. Some stops might be coming from Saint-Étienne church in Reguisheim, where the Claude-Ignace Callinet (1853-1854) organ was diminished by 8 stops during its reconstruction by Alfred Kern in 1982. The wind system is assured by two stacked square horizontal reservoirs located under the Récit.

It was inaugurated on June 12th, 1983.

The actual instrument has a Grand-Orgue divison in the Silbermann style, a Récit in the Callinet style and a Positif of de dos in the Kern style.

Composition sonore / Stop List

Légende / Legend

1		Jeu entier de Silbermann / Complete Silbermann stop
2		Jeu partiel de Silbermann / Partial Silbermann stop
3		Jeu de Callinet / Callinet stop
4		À partir de / From c0
5		À partir de / From f0

Autres caractéristiques / Other details
• Étendue des claviers / Manual compass: 54 notes (C-f³)
• Étendue du pédalier / Pedal compass: 30 notes (C-f¹)
• Accouplements / Couplers:
II/I (à tiroir / shove)
II/P, III/P
• Tremblant : POS, GO+REC
• Pédale d'expression / Expression pedal : REC (3 crans / 3 positions)

Références / References:

• Orgues en Alsace, volume 2 : Inventaire technique des orgues du Haut-Rhin, ARDAM, 1985
• Edel, Alphonse : L'orgue de l'église Sainte-Anne, Turckheim, Société d'histoire Wickram, 1975
• Billich, André : Histoire de l'église et de la paroisse Sainte-Anne de Turckheim, Société d'histoire Wickram, 1979