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Casavant, Opus 741, 1918 Guilbault-Thérien, 1988
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L'église Notre-Dame-des-Victoires s'élève sur le site de la seconde (1624) Abitation, et probablement aussi de la première (1608), construite par Samuel de Champlain (1567-1635). Le 22 octobre 1683, le gouverneur, Joseph-Antoine le Fèbvre, sieur de la Barre (1622-1688) et l'intendant, Jacques de Meulles (c1650-1703), concèdent, à l'évêque, Mgr François de Montmorency Laval (1623-1708), l'emplacement du vieux magasin du Roi pour y édifier une chapelle et un presbytère. Une deuxième transaction pour le même objet a lieu le 12 août 1685 entre le gouverneur, Jacques-René de Brizay, marquis de Denonville (1637-1710) et l'intendant de Meulles avec Mgr Jean-Baptiste de la Croix Chevières de Saint-Vallier (1653-1727). L'édification d'une chapelle dont la façade dominerait la place du marché est entreprise en 1688 sur des plans de l'architecte Claude Baillif (c1635-1698). La pose de la première pierre de l'église a lieu le 1er mai 1688 par le marquis de Denonville tandis que l'intendant, Jean Bochart, sieur de Champigny (1645-1720), pose la première pierre de la chapelle Sainte-Geneviève. Durant sa construction, l'église change deux fois de nom. Placée sous la protection de l'Enfant-Jésus, lors de la pose de la première pierre, la chapelle adopte le nom de Notre-Dame-de-la-Victoire après la déroute de l'amiral William Phips (c1651-c1695) les 23 et 24 octobre 1690. Vingt et un ans plus tard, le 22 août 1711, le naufrage de la flotte anglaise commandée par l'amiral Hovenden Walker (c1656-c1728) entraîne une autre modification : l'église reçoit alors son appellation définitive de Notre-Dame-des-Victoires.
De 1723 à 1733, l'architecte et maître maçon Jean-Baptiste Maillou dit Dumoulin (1668-1753) érige le portail, complète la nef, ajoute la chapelle Sainte-Geneviève et une maison pour le sacristain ainsi qu'une sacristie. Le 9 août 1759, l'église et 150 maisons sont détruites à la suite du bombardement de la basse-ville par les troupes du général James Wolfe (1727-1759). Il n'en reste plus que des murs calcinés. Jean Baillargé (1726-1805), maître charpentier, rétablit la sacristie en 1762 et s'emploie dès l'année suivante à relever l'église de ses ruines. La reconstruction s'échelonne sur plusieurs années pour atteindre son terme en 1765. Une nouvelle sacristie est érigée en 1873 d'après les plans de l'architecte Louis Amiot. Elle est d'ailleurs toujours en fonction. En 1816, une réfection totale fut confiée à François Baillargé (1759-1830).
Après avoir résisté à trois reprises (en 1824, 1833 et 1854) aux pressions des résidents qui souhaitent sa démolition pour agrandir le marché de la basse-ville, l'église est à nouveau le théâtre d'un chantier important, entre 1858 et 1861. L'architecte Joseph-Ferdinand Peachy (1830-1903) conçoit alors les plans d'une rénovation extérieure qui inclut un nouveau clocher (qui coiffe toujours le pignon de la façade), un parvis et une clôture de fonte.
Le 11 juillet 1929, l'église est classée « monument historique » par la Commission des monuments historiques du Québec d'où l'octroi d'un statut prévoyant sa protection. Elle est la plus vieille église de pierre du Québec. Cette année-là, des travaux considérables de consolidation sont menés par l'architecte Raoul Chênevert (1889-1951) : le plancher de l'église est reconstruit en béton et les fondations de même que les murs du sous-sol sont stabilisés.
La paroisse Notre-Dame-des-Victoires n'est érigée canoniquement qu'en 1944. L'église est à nouveau restaurée en 1967, sous la direction de Pierre Mayrand, dans le cadre du projet de restauration de Place-Royale qui débute. Le 1er janvier 1988, l'église est classée « lieu historique national » par le gouvernement du Canada. En 1993, elle est devenue une desserte de la basilique-cathédrale Notre-Dame.
L'intérieur actuel de l'église, réalisé par plusieurs élèves de Thomas Baillargé (1791-1859), dont Raphaël Giroux (1815-1869), remonte aux années 1854-1857. Le maître-autel qui s'appuie au retable a été réalisé en 1878 par David Ouellet (1844-1915), sculpteur et architecte de Québec. À l'occasion du bicentenaire de l'église en 1888, on y effectue quelques travaux d'embellissement : une nouvelle chaire et un nouveau banc d'oeuvre remplacent le mobilier de 1854, et les peintres-décorateurs Emile-Jean Tardivel (1832-après 1884) et son fils, Jean-Marie, ornent le retable ainsi que la voûte d'une série de fresques relatant l'histoire de l'église et de la ville. On y retrouve les armoiries de Mgr François de Montmorency Laval et celles du cardinal Alexandre-Elzéar Taschereau ainsi que celles de Jacques Cartier et celles de Samuel de Champlain. Le tabernacle de l'autel dans la chapelle Sainte-Geneviève, attribué aux sculpteurs Noël (1680-1740) et Pierre-Noël (1690-1770) Levasseur, date des années 1724-1730. Enfin, un ex-voto suspendu à la voûte de la nef représente le Brézé, navire venu au Canada en 1664. En 1967, l'aménagement du choeur est révisé afin de l'adapter aux besoins de la liturgie en langue française.
L'église possède plusieurs oeuvres d'art. Parmi les tableaux, il y a celui de « l'Élévation en croix » d'après Rubens acquis à Paris au printemps de 1803 par l'abbé Philippe-Jean-Louis Desjardins (1753-1833) et acheté en 1817 par l'abbé Joseph Signay, alors curé de Notre-Dame de Québec, et restauré en 1834 et 1857. Il provenait de la collection d'un des nombreux banquiers qui, après avoir fait fortune pendant la Révolution et le Directoire, ont sombré sous les coups du Premier Consul en 1801 et 1804. De la même collection et acheté en même temps, il y a celui de « la Montée du Calvaire », copie d'une gravure de Grégoire Huret (1606-1670), qui fut agrandi par François Baillargé. Il y a, dans la chapelle Sainte-Geneviève, un tableau du XVIIIe siècle de Théophile Hamel (1817-1870) longtemps attribué à Charles-André (Carle) Van Loo (1705-1765) représentant la « Vierge de Nanterre » entourée des moutons de son père qu'elle gardait. Il y a aussi « l'Annonciation » de Louis-Augustin Wolff (1760-1818) d'après une oeuvre de François Lemoyne/Le Moine (1688-1737).
L'orgue
En 1918, la maison Casavant Frères installe un orgue à traction tubulaire ed 11 jeux répartis sur deux claviers et pédalier.
En 1988, l'instrument est en très mauvais état. Le conseil de fabrique décide de procéder à une restauration majeure de l'orgue. La maison Guilbault-Thérien est sélectionnée pour exécuter les travaux. Grâce à un travail remarquable, l'instrument retrouve un caractère brillant et éclatant aux différents jeux. Deux jeux sont ajoutés : une Mixture au Grand-Orgue et une Flûte de 4' à la Pédale. De plus, les facteurs effectuent la réharmonisation complète de tous les autres jeux et l'électrification du système de traction.
En conclusion, l'église possède aujourd'hui un bel instrument, de petite taille, mais riche en sonorités.
Claude Doré
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Notre-Dame-des-Victoires Church is built upon the site known as the third (1624) Abitation (residence) or even the first one (1608) built by Samuel de Champlain (1567-1635). On October 22nd, 1683, the governor, Joseph-Antoine le Fèbvre, sieur de la Barre (1622-1688), and the administrator, Jacques de Meulles (c1650-1703), granted part of the old king's store site to Bishop François de Montmorency Laval (1623-1708) for the construction of a chapel and a presbytery. A second transaction for the same grant was recorded on August 12th, 1685, between the governor, Jacques-René de Brizay, Marquis de Denonville (1637-1710), the administrator, de Meulles, and Bishop Jean-Baptiste de la Croix Chevières de Saint-Vallier (1653-1727). The construction of the chapel whose facade will overlook the market place started in 1688 based on plans prepared by architect Claude Baillif (c1635-1698). The church cornerstone was laid on May 1st, 1688, by the Marquis de Denonville while the administrator, Jean Bochart, sieur de Champigny (1645-1720), laid the cornerstone for the St. Genevieve Chapel. During its construction, the church was twice renamed. First called « Enfant-Jésus » (Child Jesus) when the cornerstone was laid, the chapel was renamed « Notre-Dame-de-la-Victoire » (Our Lady of the Victory) after the retreat of the fleet led by Admiral William Phips (c1651-c1695) on October 23rd and 24th, 1690. Twenty-one years later, on August 22nd, 1711, after the shipwreck of the English fleet commanded by Admiral Hovenden Walker (c1656-c1728), the church was again renamed « Notre-Dame-des-Victoires » (Our Lady of Victories).
From 1723 to 1733, architect and master mason Jean-Baptiste Maillou dit Dumoulin (1668-1753) erected the portal, completed the nave, added the St. Genevieve Chapel, a house for the sacristan and a vestry. On August 9th 1759, the church and 150 houses were destroyed by a bombardment by troops led by General James Wolfe (1727-1759). Only burnt walls were left. Jean Baillargé (1726-1805), master carpenter, rebuilt the vestry in 1762 and in the following years, he rebuilt the church. It will be completed in 1765. The vestry was replaced by a new one in 1873 based on plans prepared by architect Louis Amiot. It is still used today. In 1816, a complete restoration was entrusted to François Baillargé (1759-1830).
After resisting three times (in 1824, 1833 and 1854) to pressure from residents to demolish the church to enlarge the lower-town market, the church was again renovated between 1858 and 1861. Architect Joseph-Ferdinand Peachy (1830-1903) provided the plans for the renovation of the exterior which included the construction of a new steeple (still in place), a square and a cast-iron fence.
On July 11th, 1929, the church was classified as a « historic monument » by the Québec Historic Monuments Commission providing the building with a status ensuring its conservation. It is the oldest stone church in Québec. During that year, extensive strengthening works were carried out by architect Raoul Chênevert (1889-1951): the floor of the church was rebuilt with concrete while the foundations and the basement walls were stabilized.
The Notre-Dame-des-Victoires was canonically erected only in 1944. The church was again restored in 1967, under the supervision of Pierre Mayrand, as part of the Place-Royale restoration project. On January 1st, 1998, the church was classified as a « historic national site » by the government of Canada. In 1993, the church became a mission of the Notre-Dame Basilica-Cathedral.
The actual interior of the church, executed by Thomas Baillargé's (1791-1859) students, including Raphaël Giroux (1815-1869), goes back to the 1854-1857 period. The main altar, leaning on the reredos, was built in 1878 by Québec sculptor and architect David Ouellet (1844-1915). To celebrate the bicentennial anniversary of the church in 1888, a few improvements were carried out: a new pulpit and a new churchwardens' pew to replace the ones installed in 1854, and painters-decorators Émile-Jean Tardivel (1832-after 1884) and his son, Jean-Marie, decorated the reredos and the vault with frescoes illustrating the history of the city and of the church. Among the decorations, there are the coats of arms from Bishop François de Montmorency Laval, Alexandre-Elzéar Cardinal Taschereau, Jacques Cartier and Samuel de Champlain. The tabernacle on the altar in St. Genevieve Chapel, attributed to sculptors Noël (1680-1740) and Pierre-Noël (1690-1770) Levasseur, dates from 1724 to 1730. Finally, an ex-voto suspended from the vault in the nave represents the Brézé, a boat that came to Canada in 1664. In 1967, the chancel was reconfigured to meet the needs of the French-language liturgy.
The church houses several works of art. Among the paintings, there is « Rising of the Cross » according to Rubens acquired in Paris in the spring of 1803 by Fr Philippe-Jean-Louis Desjardins (1753-1833) and purchased in 1817 by Fr Joseph Signay, then parish priest in Notre-Dame of Québec, restored in 1834 and 1857. It came from one of numerous bankers' collection who, after making fortune during the Revolution and the Directoire periods, sank between 1801 and 1804 under the First Consul period. From the same collection and purchased at the same time, there is « the Way to the Calvary », a copy of an engraving by Grégoire Huret (1606-1670), and enlarged by François Baillargé. There is, in the St. Genevieve Chapel, an 18th-century painting by Théophile Hamel (1817-1870) and for a long time attributed in Charles-André (Carle) Van Loo (1705-1765) representing the « Nanterre Virgin » surrounded with her father's flock of sheep. There is also « the Annunciation » by Louis-Augustin Wolff (1760-1818) from a work by François Lemoyne/Le Moine (1688-1737).
The organ
An 11-stop over 2 manuals and pedal, small tubular-action organ was installed in 1918 by Casavant Frères.
In 1988, the instrument was in a very poor condition. The church council approved a major restoration. The Guilbault-Thérien firm was selected to carry out the works. Thanks to their excellent work, they brought back brightness and sparkle into certain stops. Two stops were added: a Mixture was added to the Grand-Orgue division while a 4' Flute to the pedal division. The restoration works also included a complete re-voicing of all the remaining stops while the key and stop actions were electrified.
As a result, the church now owns a fine instrument, although small, but tonally rich.
Claude Doré
Grand-Orgue |
||||
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1918 |
1988 |
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Montre | 8' | Montre | 8' | |
Mélodie | 8' | Bourdon | 8' | |
Dulciane | 8' | Prestant | 4' | |
Prestant | 4' | Doublette | 2' | |
Mixture | III |
Récit |
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1918 |
1988 |
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Bourdon | 8' | Bourdon | 8' | |
Salicional | 8' | Flûte | 8' | |
Flûte | 4' | Flûte | 2' | |
Nazard | 2 2/3' | Cornet | III | |
Hautbois | 8' | Hautbois | 8' |
Pédale |
||||
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1918 |
1988 |
|||
Bourdon | 16' | Bourdon | 16' | |
Bourdon | 8' | Bourdon | 8' | |
Flûte | 4' |