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Guilbault-Thérien, Opus 35, 1990
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Les passants qui parcourent la rue Sherbrooke à Montréal, entre le chemin de la Côte-des-Neiges et l'avenue Atwater, ne peuvent pas ne pas remarquer les longs murs de pierres grises qui dissimulent en partie un très long bâtiment, le Grand Séminaire Saint-Sulpice et le Collège de Montréal. Ils observeront deux tours qui dépassent un peu la muraille, coiffées d'un toit en poivrière. Ce sont là des vestiges d'un passé qui remonte presque aux origines de Montréal.
Historique
La Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, appelés aussi Sulpiciens, est une société de vie apostolique catholique fondée en 1645 à Paris par Jean-Jacques Olier de Verneuil (1608-1657). En mars 1657, quelques semaines avant sa mort (2 avril), il se rend à la demande de Paul de Chomedy, Sieur de Maisonneuve (1612-1675) et de Jeanne Mance (1606-1673), d'envoyer à Montréal, quatre Sulpiciens (trois prêtres: Gabriel de Thubières de Levy de Queylus (1612-1677), François Dollier de Casson (1636-1701) et Gabriel Souart (1611-1691) et un diacre). Ceux-ci quittent la France le 29 juillet 1657 et arrivent à Montréal le mois suivant. Ils sont destinés au ministère pastoral auprès des habitants de la ville et auprès des autochtones.
En 1662, à la suite de la mort de plusieurs bienfaiteurs, la Société Notre-Dame de Montréal connaît de sérieuses difficultés financières ayant accumulé des dettes importantes. Pour assurer la survie de la colonie, la Société se dissout et cède ses droits sur la seigneurie de Montréal à la Compagnie de Saint-Sulpice de Paris. L’acte de donation est officialisé à Paris le 9 mars 1663.
Déjà propriétaires de la seigneurie de Saint-Sulpice, qui à l'origine avait été concédée aux fondateurs de Montréal le 17 décembre 1640 et celle du Lac-des-Deux-Montagnes obtenue en 1717 du gouverneur (1703-1725) Philippe de Rigaud de Vaudreuil (1650-1725), les Sulpiciens sont désormais seigneurs de l’île de Montréal et le demeureront jusqu’à l’abolition du régime seigneurial le 18 décembre 1854. À partir de ce moment, en plus de veiller à l’encadrement spirituel des colons et des autochtones, ils multiplient leurs efforts pour développer l'île et activer son peuplement. Ils concèdent les terres, dirigent l'aménagement du territoire et le creusage de canaux de navigation, exploitent des moulins, soutiennent financièrement des communautés religieuses et créent plusieurs paroisses qu'ils desservent.
En 1666, les Sulpiciens se réservent un domaine formant un carré d'environ « quatre arpents au-deçà du pied de la montagne de Montréal » qu'ils nomment le Domaine du Fort de la Montagne. L'année suivante, ils y aménagent une mission pour les autochtones qui, jusque là, étaient réunis dans le centre-ville. À la suite d'un incendie qui détruisit la mission le 11 septembre 1694, celle-ci déménage, entre 1696 et 1705, au Sault-au-Récollet et, par la suite, dans la seigneurie des Deux-Montagnes. Quant à eux, les Sulpiciens ne s'établissent dans le domaine qu'en 1677. Ils logent dans une maison construite dans un « fort de charpente » sous la direction de François Vachon de Belmont (1645-1732). Celui-ci, en 1684, transforme le fort en un enclos de maçonnerie flanqué de courtines en pierre et de quatre bastions en maçonnerie surmontés chacun d'une toiture en poivrière. À l’intérieur de l’enceinte, il y a une grange, une maison pour les prêtres et une chapelle consacrée à Marie sous le vocable de Notre-Dame-des-Neiges. Le village autochtone est situé à l’extérieur de l’enceinte à l’ouest du fort. De ce fort, subsistent encore deux tours sises au sommet de la rue du Fort du côté nord de la rue Sherbrooke. Elles sont, après le Vieux Séminaire (1682-1685) et la ferme Saint-Gabriel (1668-1698), les deux plus vieilles structures de l'île de Montréal. Classées « monuments historiques » le 20 novembre 1974 par la ministère de la Culture et des Communications du Québec, et comme « lieu historique national » par le Gouvernement du Canada le 21 avril 2008, ces tours sont restaurées de 1984 à 1986 selon les études des architectes Pierre Beaupré et Josette Michaud, dans le cadre du réaménagement graduel de l'ensemble du domaine.
Une fois la mission autochtone déménagée, le fort devient un domaine agricole et la résidence, reconstruite, devient une maison de campagne, surnommée le « Château des Messieurs », pour les prêtres de Notre-Dame. À cette résidence, s'ajoute, entre 1803 et 1807, une maison de ferme construite au flanc de la pente.
En 1825, Mgr Jean-Jacques Lartigue (1777-1840), sulpicien, évêque auxiliaire de Québec depuis 1820 et résidant à Montréal, fonde une école de théologie qu'il loge dans l'évêché. Son successeur, le deuxième évêque du nouveau diocèse de Montréal érigé en 1836, Mgr Ignace Bourget (1799-1885), décide, en 1840, de confier à Saint-Sulpice cette institution qui devient alors le Grand Séminaire de Montréal. À cette fin, il signe, le 7 novembre 1840, avec Joseph-Vincent Quiblier (1796-1846), supérieur du Séminaire de Saint-Sulpice, un concordat où l'évêque et ses successeurs s'engagent à confier la formation de ses clercs pour toujours et irrévocablement au Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal. Cette maison sera régie selon les règles et usages de la Compagnie. Le Séminaire et les directeurs n'auront de compte à rendre qu'à l'évêque.
Sous la direction de Pierre-Louis Billaudèle (1796-1869), le Grand Séminaire s'installe d'abord dans l'aile est du bâtiment du Collège de Montréal (en fait, le Petit Séminaire) sis rue Saint-Paul ouest près de la rue McGill. En novembre 1840, il accueille 19 séminaristes et, en novembre 1842, 40 séminaristes et dans les années suivantes, environ 50 étudiants. Un tel nombre d'étudiants rend l'institution à l'étroit et une nouvelle construction est envisagée.
Le 21 juillet 1854, la direction du Séminaire décide de construire un nouveau bâtiment à côté de la maison de campagne dans le Domaine du Fort de la Montagne. Les plans sont confiés à l'architecte John Ostell (1813-1892). Le nouvel édifice, en forme de U inversé et encadrant la vieille maison de campagne, est une construction de quatre étages avec un corps principal de 82,3 mètres (270 pieds) de long sur 15,2 mètres (150 pieds) de large et de deux ailes de longueur égale aux extrémités. Ces deux pavillons mesurent 29,6 mètres (97 pieds) de long sur (14,6 mètres) 48 pieds de large. Tout le bâtiment est de pierre de taille et de calcaire extrait d’une carrière sise sur le flanc de la colline. La première pierre est posée le 8 septembre 1854 et la bénédiction du nouvel édifice, sans que l'aile de la chapelle soit achevée, est présidée, le 8 septembre 1857, par Mgr Joseph LaRocque (1808-1887), évêque coadjuteur (1852-1850) de Montréal. Les coûts de construction s'élèvent à 43 505 £ (environ 212 000 $). Le 4 juillet 1860, la direction décide de démolir l'ancienne maison de campagne devenue gênante. La chapelle est achevée en 1864 et bénite le 17 octobre 1864.
Le Domaine du Fort de la Montagne cède définitivement sa place au Grand Séminaire qui est rejoint en 1870 par le Collège de Montréal et en 1894 par le Séminaire de Philosophie. Cette dernière institution, fondée en 1876 par les Sulpiciens comme une étape préparatoire à l'accès au Grand Séminaire, reste en fonction jusqu'en 1970 puis, les lieux sont temporairement occupés par le Collège Marianopolis jusqu'en 2008, pour être ensuite vendus à des intérêts privés.
Le 2 avril 1878, le Grand Séminaire de Montréal devient faculté de théologie. D'abord rattachée à l'Université Laval de Québec, cette faculté obtient, en 1925, son statut canonique à titre de faculté de l'Université de Montréal. Elle détenait déjà la reconnaissance civile depuis 1920. Jusqu'en 1967, elle conserve son siège sur le campus du Grand Séminaire.
À compter de 1967, la Faculté, aussi bien son enseignement que son administration, est pleinement intégrée à l'Université de Montréal sur la montagne. Toutefois, après une expérience de quelques années, l'enseignement reprend sur le campus de la rue Sherbrooke et, en 1979, le Centre de formation théologique du Grand Séminaire obtient l'affiliation à l'Université du Latran à Rome.
En 2019, les autorités de l'archidiocèse de Montréal décident de prendre en charge l’administration du Grand Séminaire. Pour signifier ce changement, une nouvelle corporation est créée. Ainsi, le Grand Séminaire porte désormais le nom du Grand Séminaire de l’archidiocèse de Montréal. Toutefois, les Sulpiciens en gardent l’animation.
En 2020, le Grand Séminaire déménage dans l’arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie dans une nouvelle maison mieux adaptée à leurs besoins. Depuis le 1er juillet 2020, le Grand Séminaire est associé à l’Université Laval, de Québec, mettant fin à son association avec l’Institut de formation théologique de Montréal qui occupe toujours les locaux historiques de la rue Sherbrooke.
L'édifice
L'ensemble connu sous l'appellation « Grand Séminaire » est un long bâtiment de style victorien où l'influence britannique transparaît dans les détails architecturaux. On le remarque dans la proportion des pleins et des vides, la forme des fenêtres avec leur guillotine et leurs carreaux typiques, l'angle caractéristique des toits et la présence des frontons triangulaires. L'intérieur se distingue par la belle proportion de ses corridors et surtout par son monumental escalier aux multiples volées ouvertes sur l'ensemble des étages.
Le Grand Séminaire lui-même se compose d'un grand corps de bâtiment bien inséré entre deux ailes principales. Cet édifice, en U inversé, crée une cour frontale, et encadre les vieilles tours du Fort. La chapelle originale est logée dans l'aile de l'est. Henri-Maurice Perrault (1828-1903), neveu d'Ostell par alliance, prolonge entre 1867 et 1871, le corps principal du bâtiment vers l'est en construisant le Collège de Montréal. Les travaux de construction sont confiés à l'entrepreneur David Perrault. En ajourant une aile à cette extension, il crée une seconde cour frontale semblable à celle du Grand Séminaire. La chapelle se retrouve ainsi au milieu de l'ensemble. Ces additions conservent et respectent tous les éléments de l'architecture d'Ostell.
Entre 1875 et 1877, l'architecte Henri-Maurice Perrault prolonge le corps principal du bâtiment vers l'ouest, ajoute un étage à tout l'édifice, et transforme, à la française, le toit sous l'influence du style Second Empire, le tout au coût de 84 756 $. Entre 1881 et 1884, une chapelle est érigée à l'arrière du Collège de Montréal selon les plans de l'architecte Maurice Perrault (1857-1909), fils de Henri-Maurice Perrault, et décorée par Victor Bourgeau (1809-1889) et Alcibiade Leprohon (1842-1902).
Comme il y a toujours de plus en plus de séminaristes, entre 1900 et 1902, un agrandissement est effectué par une extension de l’aile ouest. Les travaux sont exécutés par la firme Lambert & Fils. Tout comme le reste du bâtiment, la chapelle doit, elle aussi, être agrandie.
Entre 1909 et 1960, de nouveaux pavillons et agrandissements sont construits. Ils sont signés, entre autres, par les architectes Alfred Hector Lapierre (1859-1932) pour l'Ermitage (1911-1913), Paul-Marie Lemieux (1902-1969) pour l'aile des Anciens du Séminaire (1940), et Louis-Gilles Duplessis (1910-?), Maurice Labelle (1913-1997) et Gérard Derome (1906-1980) pour le pavillon des Anciens du Collège (1959-1960). Ces additions sont sans compter les nombreuses réparations, modifications et rénovations exécutées au cours des années.
La chapelle
Une première chapelle est installée dans l'aile est. Elle est achevée en 1864 et sa bénédiction a lieu le 17 octobre 1864. Cette chapelle possède une nef voûtée en cintre surbaissé, et sans bas-côtés. Elle arbore un décor architectural néo-classique avec des réminiscences Louis XVI. Avant l'ouverture de la chapelle du Collège en 1884, le choeur occupe la moitié de la nef alors que les collégiens occupent l'autre moitié de la nef et la tribune arrière. Lorsque ceux-ci cessent d'y venir, toute la chapelle forme le choeur ayant, de chaque côté, trois rangées de stalles disposées en gradins. Le caractère architectural est davantage exprimé dans le retable et l'arc triomphal. Cette première chapelle est inscrite dans les murs de la chapelle actuelle, car elle était moins longue et moins haute. Des fenêtres aveugles, visibles de l'extérieur, indiquent, encore aujourd'hui, l'emplacement d'un dortoir qui était situé au-dessus de cette chapelle.
Le maître-autel de cette chapelle, conservé dans la crypte jusqu'en 1990, est maintenant installé dans le sanctuaire de la cathédrale de Saint-Jean en remplacement du maître-autel supprimé dans les années 1970.
La chapelle actuelle, construite en 1864 sur les plans de John Ostell, est beaucoup agrandie entre 1903 et 1907, dans le style Beaux-Arts, selon les plans de Jean-Omer Marchand (1872-1936), un jeune architecte arrivant d'ailleurs tout droit de l'École des Beaux-Arts de Paris où il a étudié de 1893 à 1903. Il est assisté par l'architecte Samuel Stevens Haskell (1871-1913). La commande n'est pas facile, car il faut, à partir d'un bâtiment existant, agrandir la chapelle à même les anciens murs et lui donner un nouveau visage. Malgré ces difficultés, ils aménagent un des plus importants monuments de l'ère Beaux-Arts à Montréal. Les travaux sont réalisés sous la direction de l'entrepreneur général Louis Payette. Le coût total des travaux s'élève à 140 568 $. La nouvelle chapelle est inaugurée le 28 mars 1907 et bénite solennellement le 8 septembre 1907 par Mgr Zotique Racicot (1845-1915), évêque auxiliaire (1905-1915) de Montréal.
L'ensemble reste sobre et simple malgré la richesse des matériaux. L'entrée est marquée par la magnifique grille en fer forgé réalisée en 1904 par Léonard-Henri Regaudie (1868-?), un artisan français qui n’était pas forgeron de son métier, mais serrurier, arrivé au Québec en 1894 avec son frère, le sulpicien Pierre-Louis Regaudie (1865-1920). Deux triples rangées de stalles aux boiseries imposantes se font face, dans le sens de la longueur, répondant ainsi à la charpente ordonnée du plafond avec ses pièces de bois toutes aussi majestueuses, aux couleurs profondes, rehaussées de dorures. La richesse du décor, alliée au savant dessin de la mosaïque du plancher réalisée par Gustave Gilbert, est mise en relief par le dénuement des murs où seules les fenêtres sont accusées à leur sommet et liées par un bandeau qui découpe harmonieusement la nef. La lumière filtre à travers ces fenêtres grâce à des vitraux aux motifs religieux non figuratifs, signés Gustave Pierre Dagrant (1839-1915), de Bordeaux (France). Seuls aussi les discrets reliefs en stuc du chemin de la croix réalisés par le sculpteur français Henri Bouriché (1826-1906) donnent le caractère religieux à ces murs en véritable pierre de Caen. L'abside, un rappel de l'architecture romane à la manière Beaux-Arts, est décorée d'un retable aux éléments néo-Renaissance. Le tout est surmonté d'une imposante fresque représentant la Présentation de Marie au Temple réalisée en 1905 par Joseph Saint-Charles (1868-1956). Le maître-autel de marbre est encadré par deux immenses colonnes aux chapiteaux corinthiens, le tout précédé d'un somptueux arc triomphal.
L'orgue
La chapelle originale de 1864 possédait un petit orgue d'une quinzaine de jeux répartis sur deux claviers construit par un facteur inconnu. En 1907, la nouvelle chapelle étant achevée, un orgue tubulaire pneumatique est installé, au coût de 2 500 $, sur la tribune arrière par Joseph-Émile Pépin. L'instrument comprend deux buffets, lesquels sont installés dans les espaces derrière l'arc, afin de conserver libre le mur du fond en prévision d'une peinture. Il est inauguré le 17 novembre 1907. En 1938, Casavant Frères, sous le numéro d'opus 1596, apporte des améliorations : électrification du système de traction, nouvelle console, et ajout d'accouplements.
Dans les années 1957 à 1960, une étude non datée et non signée par un expert démontre la faiblesse de l'instrument et propose un nouvel orgue mécanique de 20 jeux qui serait fabriqué en Europe par des facteurs allemands, au coût d'environ 10 000 $ à 12 000 $. Sans donner suite à cette étude, en 1958, un nettoyage complet de l'orgue est effectué et trois nouveaux jeux sont ajoutés : Cornet III rangs au Récit, Mixture III rangs au Grand-Orgue, et Violon 4' à la Pédale. Il est subséquemment amélioré par le facteur Odilon Jacques en 1964 sans qu'il soit possible d'en connaître les détails de son intervention.
En 1988, l'orgue présente des signes de fatigue évidents : jeux incomplets, sifflements, cornements, soufflerie incertaine, etc. Une inspection est effectuée par le facteur François Caron qui recommande une réparation dont le coût est passablement élevé, la fabrication d'un nouvel instrument à partir celui-ci en y changeant beaucoup de choses ou faire construire un tout nouvel orgue d'esthétique classique français. C'est alors que le conseil d'administration de l'Association des anciens du Grand Séminaire offre de défrayer les coûts de la restauration de l'orgue comme symbole des fêtes du 150e anniversaire (1840-1990) du Séminaire, et demande l'avis du Comité diocésain des orgues (11 membres, dont 9 organistes professionnels). Ce dernier, après étude de l'orgue actuel, recommande la construction d'un orgue de 39 jeux, d'esthétique classique français à traction mécanique et à soufflerie cunéiforme.
En janvier 1989, la décision est prise de faire dessiner le buffet par des architectes, renouant ainsi avec la grande tradition française. De plus, il sera orné de huit statues de bois polychrome commandées vers 1850 chez Auguste Daurey, de Gand (Belgique) et qui proviennent de l'église St. Ann's, démolie en 1970. Ce travail est confié aux architectes Claude Beaulieu (1913-2002) et Gilles Lavigueur. Après consultation auprès d'un facteur d'orgues pour la détermination des volumes requis pour la disposition des tuyaux, sommiers et autres composantes, une première esquisse du buffet est préparée et expédiée à cinq soumissionnaires canadiens. La firme Guilbault-Thérien, de Saint-Hyacinthe, est sélectionnée. Le contrat est signé le 20 juillet 1989, au coût de 450 000 $, incluant la proposition du facteur pour l'ajout de trois jeux et d'un quatrième clavier ainsi que quelques modifications au buffet lui-même.
C'est la première fois, au Québec, qu'un orgue est alimenté par des soufflets cunéiformes. Les quatre soufflets sont actionnés soit manuellement ou soit par un ventilateur électrique. La composition est inspirée des traités de Dom François Bédos de Celles (1709-1799) et de François-Henri Clicquot (1732-1790). Les tailles des tuyaux sont toutes, sans exception, dans la tradition française et l'harmonisation est à pied fermé. Toute la tuyauterie est faite d'étain martelé ou de chêne. La dimension des claviers et des touches suit fidèlement les prescriptions de Dom Bédos. Les mixtures sont non cymballisantes et, à peu de choses près, similaire à celles de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers. Le marchepied à la française de 30 notes est interchangeable avec un pédalier allemand de 27 notes.
Le buffet est de chêne massif et est décoré de feuilles d'or 24k. Il mesure 11,5 mètres (37,7 pieds) de haut par 6,1 mètres (20 pieds) de large. En plus des huit statues provenant de l'ancienne église St. Ann's, une neuvième statue au centre supérieur de l'instrument (un berger avec deux flûtes) est l'œuvre du sculpteur Jean Dutin (1928-2020).
L'orgue est inauguré le 7 novembre 1990 par Pierre Grandmaison.
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The passers-by who go through Sherbrooke Street in Montréal, between Côte-des-Neiges Road and Atwater Avenue, cannot miss the long gray stone wall partly hiding a very long building housing St. Sulpice Great Seminary and Montréal College. They will see, partly exceeding the wall, two towers crowned by a pointed roof. They are relics from the past that goes back up almost to Montréal's origins.
History
The St. Sulpice Priests Society, also known as Sulpicians, is a Catholic apostolic life society founded in 1645 in Paris by Jean-Jacques Olier de Verneuil (1608-1657). In March 1657, a few weeks before his death (on April 2nd), he answered the request made by Paul de Chomedy, Sieur de Maisonneuve (1612-1675) and by Jeanne Mance (1606-1673), to send to Montréal four Sulpicians (three priests: Gabriel de Thubières de Levy de Queylus (1612-1677), François Dollier de Casson (1636-1701) and Gabriel Souart (1611-1691) and a deacon). They left France on July 29, 1657, and arrived in Montréal a month later. They were intended for the pastoral ministry to the city's residents and to the native people.
In 1662, following the death of its several benefactors, the Montréal Notre-Dame Society was in serious financial difficulties due to the cumulation of important debts. To assure the survival of the colony, the Society was dissolved giving up its rights on the Montréal seigniory to the St. Sulpice Society of Paris. The act of donation was officialized in Paris on March 9, 1663.
Already owners of the St. Sulpice seigniory, which originally had been granted to the founders of Montréal on December 17, 1640, and of the Lac-des-Deux-Montagnes one acquired in 1717 from Governor (1703-1725) Philippe de Rigaud de Vaudreuil (1650-1725), the Sulpicians were now the landlords of the island of Montréal and will remain so up to the abrogation of the seigniorial regime on December 18, 1854. From this moment, besides looking after the spiritual needs of the settlers and of the native people, they made great efforts developing the island and increasing the number of settlers. They granted pieces of land, supervised town and country planning and digging waterways, run mills, financially supported religious communities, and created several parishes which they serve.
In 1666, the Sulpicians set aside a domain - approximately a « four-acre square at the foot of the Montréal Mountain » - which they nicknamed the Mountain Fort Domain. The following year, they established a mission there for the native people who, up to then, were living downtown in the city. Following a fire which destroyed the mission on September 11, 1694, the mission was moved, between 1696 and 1705, to Sault-au-Récollet and, later, into Deux-Montagnes seigniory. As for them, the Sulpicians will not settled in the domain until 1677. They lived in a house built in a « framework fort » under the supervision of François Vachon de Belmont (1645-1732) who, in 1684, rebuilt the fort into a stone enclosure with ramparts and four stone bastions crowned by pointed roof. The village for the native people was located outside the surrounding wall on the west side of the fort. Inside the surrounding wall, there was a barn, a home for the priests and a chapel dedicated to Mary under the name of Notre-Dame-des-Neiges (Our Lady of Snow). From this fort, two towers remain and are located at the top of the Fort Street on the north side of Sherbrooke Street. They are, after the Old Seminary (1682-1685) and the St. Gabriel farm (1668-1698), the two oldest structures on the island of Montréal. After being classified as « heritage monuments » on November 20, 1974, by the Québec Ministry of Culture and Communications, and as a « national historic place » by the Government of Canada on April 21, 2008, these towers were restored from 1984 till 1986 according to studies by architects Pierre Beaupré and Josette Michaud, as part of the gradual redevelopment of the domain.
Once the native people mission was moved, the fort became an agricultural domain and the residence, rebuilt, became a villa, nicknamed the « Gentlemen's Castle », for the priests of Notre-Dame. To this residence, a farm house was added, between 1803 and 1807.
In 1825, Sulpician Jean-Jacques Lartigue (1777-1840), auxiliary bishop of Québec since 1820 and living in Montréal, established a school of theology which he located in the bishop's house. His successor, the second bishop of the newly established Montréal diocese in 1836, Ignace Bourget (1799-1885) decided in 1840, to entrust the school to the Sulpicians, that will become Montréal's Great Seminary. To officialize this decision, a concordat was signed, on November 7, 1840, between the Bishop and the Superior of the Seminary, Joseph-Vincent Quiblier (1796-1846) whereby the Bishop and his successors entrust forever and irrevocably the training of his clerics to the St. Sulpice Seminary in Montréal. The institution is to be governed according to the rules and practices of the Sulpicians. The Seminary and his superior will report directly to the Bishop.
Under the direction of Pierre-Louis Billaudèle (1796-1869), the Great Seminary was first housed in the east wing of the Montréal College (in fact, the Junior Seminary) located on St. Paul Street West near McGill Street. In November 1840, there were 19 clerics and, in November 1842, 40 and the following years, about 50 students. With such an increase in the number of students, the College became too crowded and plans for a new building were set up.
On July 21, 1854, the Seminary's management team decided to build a new building next to the villa in the Mountain Fort Domain. Plans were entrusted to architect John Ostell (1813-1892). The new building, a reversed U and surrounding the old villa, is a four-storeyed building with a 270 feet (82.3 meters) long by 50 feet (15.2 meters) wide main section and two equal-length wings. These two wings are 97 feet (19.6 meters) long by 48 feet (14.6 meters) wide. The complete building is made of cut stone and limestone extracted from a quarry located on the hill side. The first stone was laid on September 8, 1854, and the blessing of the new building, without the chapel wing being completed, was presided, on September 8, 1857, Joseph LaRocque (1808-1887), coadjutor bishop (1852-1850) of Montréal. The construction costs amounted to £43,505 (about $212,000). On July 4, 1860, it was decided to demolish the former villa which had become importunate. The chapel was completed in 1864 and blessed on October 17, 1864.
By this time, the Mountain Fort Domain really became the Great Seminary when joined in 1870 by the Montréal College and in 1894 by the Philosophy Seminary. This last institution, established in 1876 by Sulpiciens as a preparatory stage before accessing to the Great Seminary, was operational until 1970. The building was temporarily occupied by the Marianopolis College until 2007, then sold, in 2008, to private investors.
On April 2, 1878, the Great Seminary became a Faculty of Theology. First attached to Laval University in Québec City, this faculty was granted, in 1925, a canonical status as a Faculty of the University of Montréal. A civil status had been granted since 1920. Until 1967, its management was located in the Great Seminary campus.
Since 1967, the Faculty, its teaching activities and its management, was completely integrated into the University of Montréal campus. However, after a few years, teaching activities resumed in the Sherbrooke Street campus and, in 1979, the Great Seminary Theological Training Center was granted an affiliation with the Latran University in Rome.
In 2019, the Montréal Archdiocese decided to take over the administration of the Great Seminary. To this purpose, a new corporation was established. So, the Great Seminary is now known as the Great Seminary of the Montréal Archdiocese although the Sulpicians remain in charge of the animation.
In 2020, the Great Seminary moved in the Rosemont-La-Petite-Patrie district in a new home better adapted to their needs. Since July 1, 2020, the Great Seminary is associated with Laval University, in Québec City, ending its association with the Montréal Institute of Theological Training who still occupies the Sherbrooke Street historical building.
The Building
The complex known as the « Great Seminary » is a long Victorian-style building where British influence is present through its architectural details. It can be found in the proportion of its solid masses and the empty spaces, the shape of the windows with their sashes and their typical panes, the characteristic angle of the roofs and the presence of triangular pediments. The interior shows nice proportions for its halls and especially for the monumental staircase with its numerous flights on all floors.
The Great Seminary itself is made up of a large central building inserted between two main wings. This building, in a reversed U shape, creates a front courtyard and surrounds the Fort's old towers. The original chapel was in the east wing. Henri-Maurice Perrault (1828-1903), Ostell's stepnephew, extended the central building eastward, between 1867 and 1871, by building the Montréal College. Construction work was entrusted to contractor David Perrault. By adding a wing at the end of the extension, he created a second courtyard similar to the one in front of the Great Seminary. The chapel is then located in the center of the complex. These additions preserve and respect all Ostell's architectural elements.
Between 1875 and 1877, architect Henri-Maurice Perrault extended the main body of the building westward, added a floor to the whole building, and transformed the roof, in the French style, influenced by the Second Empire style. The cost of these works amounted to $84,756. Between 1881 and 1884, a chapel was built at the back of the Montréal College according to plans by architect Maurice Perrault (1857-1909), Henri-Maurice Perrault's son, and decorated by Victor Bourgeau (1809-1889) and Alcibiade Leprohon (1842-1902).
As the number of seminarians kept increasing, between 1900 and 1902, an extension to the west wing was built. Work was carried out by the Lambert et Fils firm. As with the rest of the building, the chapel must, also, be enlarged.
Between 1909 and 1960, new buildings and extensions were erected. They were designed, among others, by architects Alfred Hector Lapierre (1859-1932) for the Hermitage (1911-1913), Paul-Marie Lemieux (1902-1969) for the Seminary Alumni wing (1940), and Louis-Gilles Duplessis (1910-?), Maurice Labelle (1913-1997) and Gérard Derome (1906-1980) for the College Alumni wing (1959-1960). These additions are without counting the numerous repairs, modifications and renovations carried out over the years.
The Chapel
A first chapel was installed in the east wing. It was completed in 1864 and its blessing took place on October 17, 1864. This chapel had a single nave with a semicircular vault but without side aisles. It featured a neoclassical architectural decor reminiscent of Louis XVI. Before the opening of the College chapel in 1884, the chancel occupied half the nave while the college students occupied the other half and the back gallery. When they stopped using the main chapel, the chancel covered the whole nave with, on each side, three rows of stalls disposed in tier. The architectural character was better expressed in the reredos and the triumphal archway. This first chapel is present within the walls of the actual chapel although it was shorter and lower. The blind windows, visible on the outside, point out, even today, the site of a dormitory which was located above this chapel.
The main altar of this chapel, stored in the crypt until 1990, is now installed in the chancel of the cathedral in St. Jean replacing the one removed in the 1970s.
The actual chapel, built in 1864 on plans by John Ostell, was largely extended between 1903 and 1907, in the Fine Arts style, according to plans by Jean-Omer Marchand (1872-1936), a young architect just arriving from the Fine Arts School of Paris where he studied from 1893 till 1903. He was assisted by architect Samuel Stevens Haskell (1871-1913). The order was not an easy one, because it was required to work from an existent building, to extend the chapel using the same old walls and to give a new look to it. In spite of these difficulties, they erected one of Montréal's most important Fine Arts monuments. Contruction work was entrusted to general contractor Louis Payette. The total cost came to $140,568. The new chapel was inaugurated on March 28, 1907, and solemnly blessed on September 8, 1907, by Zotique Racicot (1845-1915), auxiliary bishop (1905-1915) of Montréal.
The result is sober and simple in spite of the richness of the materials. The entrance features a splendid forged-iron gate executed in 1904 by Léonard-Henri Regaudie (1868-?) a French craftsman who was not a blacksmith but a locksmith and who arrived in Québec in 1894 along with his brother, Sulpician Pierre-Louis Regaudie (1865-1920). Two triple rows of imposing wood stalls face each other, lengthwise, answering the framework set by the ceiling with its majestic deep-colored and gilded wooden beams. The wealth of the decor, mixed with the floor mosaic designed by Gustave Gilbert, is highlighted by the bareness of the walls where only the windows are decorated at their summit and linked by a molding which harmoniously cuts up the nave. Light leaks out across these windows thanks to not figurative religious motive stained glass windows executed by Gustave Pierre Dagrant (1839-1915), of Bordeaux (France). Only the stucco discreet reliefs of the stations of the cross executed by the French sculptor Henri Bouriché (1826-1906) give a religious character to these real Caen stone walls. The apse, which recalls a Fine Arts view of the Romanesque architecture, is decorated with a reredos showing neo-Renaissance elements. The area is crowned by an imposing fresco representing Mary's Presentation to the Temple executed in 1905 by Joseph Saint-Charles (1868-1956). The main marble altar, flanked by two huge columns with Corinthian capitals, is preceded by a sumptuous triumphal archway.
The Organ
The 1864 original chapel had a small ~15-stop 2-manual organ built by an unknown organbuilder. In 1907, the new chapel being completed, a pneumatic tubular organ was installed, at the cost of $2,500, on the back gallery by Joseph-Émile Pepin. The instrument was included in two organcases which were installed behind the archway, to free the back wall for a future painting. It was inaugurated on November 17, 1907. In 1938, Casavant Frères, as their opus 1596, improved the instrument: electrification of the transmission system, new console, and addition of couplers.
Between 1957 and 1960, an undated and unsigned study by an expert reported the weaknesses of the instrument and proposed a new 20-stop mechanical organ which would be built in Europe by German organbuilders, at the cost of about $10,000 to $12,000. Without pursuing this study, in 1958, a full cleaning of the organ was carried out and three new stops were added: Cornet III ranks in the Récit, Mixture III ranks in the Grand-Orgue, and Violon 4' in the Pedal. It was subsequently improved, in 1964, by organbuilder Odilon Jacques, but no details are available on the work he carried out.
In 1988, the organ showed obvious signs of tear and wear: incomplete stops, hissing, ciphers, unreliable blower, etc. An evaluation was carried out by organbuilder François Caron who recommended expensive repairs, rebuilding the instrument while changing a lot of things or to have a brand new French classical organ. This happened while the board of directors of the Seminary Alumni decided to pay for the restoration of the organ as a gift to celebrate the 150th anniversary (1840-1990) of the Seminary. They submitted their proposal to the Diocesan Organ Committee (11 members, of whom 9 were professional organists). After reviewing the actual organ, the Committee recommended the construction of a new 39-stop French classical organ using mechanical action and wedge-shaped bellows.
In January 1989, it was decided that the organcase would be, according to the French tradition, designed by architects. Besides, it will be decorated with eight polychrome wood statues ordered by 1850 from Auguste Daurey, of Ghent (Belgium) and which come from the St. Ann's Church, demolished in 1970. This work was entrusted to architects Claude Beaulieu (1913-2002) and Gilles Lavigueur. After consulting with an organbuilder to determine the required volumes to house the pipework, the windchests and other elements, the first draft of the organcase was prepared and sent to five Canadian organbuilding firms. The Guilbault-Thérien firm, of St. Hyacinthe, was selected. The contract was signed on July 20, 1989, for the amount of $450,000, including the builder's proposal for the addition of three stops and a fourth manual as well as some modifications to the organcase itself.
For the first time in Québec, an organ would be wind-supplied by wedge-shaped bellows. The four bellows are either operated manually or by an electric blower. The specifications are drawn from works by Dom François Bédos de Celles (1709-1799) and François-Henri Clicquot (1732-1790). The scales used for the pipes are all, without exception, within the French tradition and the voicing was done using the closed toe-hole method. The pipework is made of hammered tin or oak. The dimensions of the manuals and the keys exactly follow the prescriptions of Dom Bédos. The mixtures are non-cymbal and are very close to those in St. Pierre Cathedral in Poitiers. The 30-note French pedalboard is interchangeable with a 27-note German pedalboard.
The solid oak case is decorated in 24k gold leaf and is 37.7 feet (11.5 meters) high and 20 feet (6.1 meters) wide. Besides the eight statues from the former St. Ann's Church, a ninth one, at the top center of the instrument (a shepherd with two flutes), was carved by local sculptor Jean Dutin (1928-2020).
The organ was inaugurated, on November 7, 1990, by Pierre Grandmaison.
II. Grand-Orgue |
I. Positif |
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1Montre | 16' | 1Principal | 8' | |
Bourdon | 16' | Bourdon | 8' | |
Montre | 8' | Prestant | 4' | |
Bourdon | 8' | Flûte | 4' | |
Prestant | 4' | Nazard | 2 2/3' | |
Flûte | 4' | Doublette | 2' | |
Grosse Tierce | 3 1/5' | Tierce | 1 3/5' | |
Nazard | 2 2/3' | Larigot | 1 1/3' | |
Doublette | 2' | Fourniture 1' | IV | |
Quarte de Nazard | 2' | Cymbale 1/4' | III | |
Tierce | 1 3/5' | Trompette | 8' | |
2Cornet 8' | V | Cromorne | 8' | |
Fourniture 1 1/3' | V | Tremblant | ||
Cymbale 2/3' | IV | |||
1ère Trompette | 8' | |||
2è Trompette | 8' | |||
Clairon | 4' | |||
Voix humaine | 8' |
III. Récit |
IV. Écho |
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Cornet 8' | V | Cornet 8' | V | |
Hautbois | 8' |
Pédale |
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Flûte | 16' |
Flûte | 8' |
Flûte | 4' |
Bombarde | 16' |
Trompette | 8' |
Clairon | 4' |
1 | Basse commune de 6 tuyaux (C-F) avec le Bourdon 16' / Common 6-pipe bass (C-F) with Bourdon 16' | |
2 | c1-e3 |